Un rêve Rio-Paris

Aurélie et Verioca ont adopté la musique brésilienne.
En concert à Paris.

Ingrid Merckx  • 19 janvier 2012 abonné·es

Deux voix. De femmes. Deux langues : français et portuguais du Brésil. Une guitare (à sept cordes) et quelques percussions. L’une est guitariste, l’autre professeur de chant dans les musiques actuelles. Verioca et Aurélie sont françaises. La musique brésilienne, c’est une conquête. De quoi désamorcer tout procès en légitimité : l’adoption est revendiquée, c’est même la trame de l’album. « Je veux chanter mes aspirations. » Les hommages aussi (au guitariste de jazz Baden Powell et au poète Vinicius de Moraes).

Alèm des nuages (« Par-delà les nuages »), treize titres entre Paris et Rio (avec la participation du pianiste Philippe Baden Powell, fils du premier, du groupe Casuarina, du guitariste Guinga et de Marcelo Pretto, du groupe les Barbatuques), c’est de la chanson douce sur des rythmes de bossa. Quasi des berceuses bilingues où les deux langues se répondent et se superposent, dans un esprit intimiste et ­paisible. Comme pour dire qu’il est encore possible de « voyager sans décoller/ Bien installée, sur l’oreiller » en « envoyant ses ­pensées balader » .

Les morceaux les plus ­dépaysants et entraînants sont « Será que eu sou francesa » et « Viver E ser feliz », et cela tient moins au texte – même si dans le premier (« Suis-je bien française ? »), Aurélie raconte qu’elle a appris le portuguais du Brésil en répétant les poèmes de Vinicius, Tom Jobim et Paulo César, et que, dans le deuxième, elle est rejointe par le chanteur João Cavalcanti… – qu’à la musique. Celle de la langue, des instruments, de la rythmique et de ces savants mélanges qui font un caractère, une identité non plus nationale mais absolument musicale.

Culture
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