Éviter les parabènes

Ingrid Merckx  • 16 février 2012 abonné·es

Que faire ?

Respecter la loi : une fois n’est pas coutume, le principe de précaution a été retenu par les députés. L’Assemblée nationale a en effet voté le 3 mai 2011 une loi visant à faire interdire la fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols. Les parabènes sont des conservateurs de synthèse qui se trouvent dans 80 % des cosmétiques (autobronzants, déodorants, hygiène dentaire et buccale, produits capillaires, produits pour bébé, maquillage, produits de rasage et dépilatoires, vernis à ongles), ainsi que dans certains médicaments, lessives, produits du tabac et aliments (sauces, mayonnaise, moutarde, produits lactés surgelés, pâtisseries, œufs et conserves de poisson, crèmes, gelées, jambon, jus de fruits, sirops, viande hachée). Le problème est que, d’ici à ce que la loi soit appliquée, la cosmétologie continue à en utiliser. Sauf les marques bios, pour qui l’absence de parabènes est inscrite dans la charte qualité, et certaines grandes marques qui ont lancé des gammes « sans parabènes », plus chères, évidemment. Donc, en plus du décryptage des étiquettes, il faut comparer les prix…

Pourquoi ?

Les parabènes sont utilisés depuis les années 1970. Ils auraient des vertus antimicrobiennes et un « large spectre d’action sur les bactéries, les levures, les moisissures et les champignons » , et se dégraderaient rapidement sur la peau. Produit miracle ? Voire : ils auraient des effets reprotoxiques et appartiendraient à la catégorie des perturbateurs endocriniens, dont « de nombreuses études tendent désormais à démontrer la responsabilité […] dans la baisse de la fertilité masculine et la multiplication des cancers des testicules… » , d’après le rapport de l’Assemblée. Les femmes sont tranquilles ? Pas quand elles sont enceintes, puisque embryon et fœtus peuvent être touchés. En outre, « des études […] ont émis l’hypothèse d’un risque d’accroissement de tumeurs cancéreuses du sein » . Les parabènes font l’objet de demandes d’expertise depuis 2000 dans l’Union. Le Danemark les a interdits dans les cosmétiques destinés aux moins de trois ans. En France, l’Afssaps reste tiède. « Est-il raisonnable d’attendre ? » , ont lancé les députés, concluant par la négative.

Comment ?

  • Repérer leurs noms barbares : méthylparabène (E218), éthylparabène, propylparabène (E216), butylparabène, isopropylparabène, benzylparabène.

  • Utiliser d’autres produits : « S’il existe des possibilités de substitution des parabènes par d’autres conservateurs, ceux-ci ne sont pour l’heure pas toujours considérés comme aussi efficaces et ne présentent pas une aussi bonne tolérance ni les mêmes données de sécurité » , glisse le rapport de l’Assemblée. C’est le grand argument de l’industrie cosmétique. « Cela doit concerner les produits de synthèse , commente Élise Calignon, du laboratoire Weleda. Nos produits, vendus en France depuis 1924, n’ont jamais contenu que des conservateurs naturels : huiles essentielles et alcools, seuls ou associés, sans intolérance. »

  • Guide Cosmétox , édité par Greenpeace.

Le geste utile
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