Simulacre de taxe Tobin

Un taux minuscule et une longue liste d’exceptions.

Pauline Graulle  • 9 février 2012 abonné·es

Une mesure « morale compte tenu de la crise financière […], utile pour dissuader la spéculation et efficace pour trouver de nouvelles ressources pour le développement » , claironnait, en janvier 2011, Nicolas Sarkozy, pour défendre la création d’une taxe sur les transactions financières (TTF). Un an plus tard, qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose. L’article de loi sur la TTF, présenté hier en Conseil des ministres, apparaît comme un simulacre de taxe Tobin.

La taxe, dont le taux est fixé à 0,1 %, ne rapportera qu’un milliard d’euros. La TTF concernera uniquement les achats d’actions des entreprises cotées, dont le siège est en France, et dont la capitalisation boursière dépasse un milliard d’euros. « Elle ne s’appliquera ni aux transactions sur les obligations, ni à celles sur les devises, et de façon marginale aux produits dérivés » , pointe Attac France, qui raille « un effet d’opportunisme » du gouvernement. Même scepticisme chez Oxfam : « Le gouvernement aurait voulu enterrer la TTF avant de la mettre en place, il ne s’y serait pas pris autrement. Ce n’est plus une taxe sur les transactions financières qui est présentée mais une interminable liste d’exemptions, un vrai gruyère. »

Enfin, loin d’alimenter les objectifs internationaux de lutte contre la pauvreté et le climat, le produit de la taxe sera utilisé pour… réduire le déficit. « Ce qui sera prélevé à la finance lui sera redistribué en intérêts de la dette publique », conclut Attac. La boucle est bouclée !

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