Les nouveaux outils

La finance citoyenne émerge grâce à des fonds d’investissement capables de répondre à des projets ambitieux.

Thierry Brun  • 22 mars 2012 abonné·es

Le mouvement associatif Terre de liens (voir ci-dessus) peut se targuer d’avoir boosté l’investissement citoyen depuis 2006. En créant une société foncière, l’association s’est dotée d’un nouvel outil d’épargne solidaire : une société en commandite par actions (SCA) à capital variable a été montée par les militants, avec l’objectif de permettre aux citoyens d’en devenir actionnaires à partir de 100 euros.

Originale, l’idée a inspiré la création en 2010 du fonds citoyen Énergie partagée investissement (EPI) (voir page précédente), dont l’avenir est aussi prometteur que celui de Terre de liens. Un des membres fondateurs, le Comité de liaison énergies renouvelables (Cler), y voit un moyen de promotion important de la finance citoyenne : « L’agrément de l’autorité des marchés financiers permet au fonds Énergie partagée de faire de la publicité et de lancer des appels à l’épargne, ce qui est interdit sans l’agrément » , explique Yannick Régnier, chargé de mission pour les politiques locales de l’énergie du Cler.

« Nous avions aussi un problème d’échelle. Avec le fonds, on peut désormais investir avec les collectivités dans des projets nécessitant de gros moyens, comme les éoliennes en pays de Vilaine. Le fonds est une sorte d’Amap de l’énergie » , ajoute Yannick Régnier.

L’idée de développer de tels outils alternatifs revendiquant une économie fondée sur la solidarité vient ­d’organisations pionnières comme La Nef, coopérative de finances solidaires réunissant 30 000 sociétaires. Celle-ci a débloqué 16,5 millions d’euros de prêts en 2010 et a porté le total de son encours des prêts à 73 millions d’euros. Selon la coopérative, 63 % des prêts ont concerné des projets de développement des énergies renouvelables et de l’agriculture biologique.

Ainsi, la coopérative Enercoop, seul fournisseur d’électricité intégralement issue des énergies renouvelables, membre fondateur d’EPI, est née grâce à l’épargne citoyenne investie dans La Nef et dans des Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (Cigales), deux organisations qui ont plus de 20 ans d’existence.

Ces financeurs, ainsi qu’une quarantaine d’autres, sont membres de l’association Finansol, mais ils ne sont qu’une petite partie à investir dans le secteur de l’environnement[^2]. Selon l’observatoire des finances solidaires de Finansol, le montant des activités financées en 2010 par l’ensemble de ces organisations s’élève à 685 millions d’euros[^3].

En quatre ans, les sommes investies dans des activités à forte utilité sociale et environnementale ont été multipliées par 2,5. « Mais, en France, le blocage administratif et financier freine encore le montage de projets de transition énergétique , regrette Yannick Régnier, qui constate l’opposition de groupements liés au nucléaire. Cependant, notre modèle économique démarre, et va exploser en termes de moyens. Vous verrez, le fonds Énergie partagée facilitera le montage des projets » , promet le militant des énergies renouvelables.

[^2]: On trouvera la liste des financeurs solidaires ainsi que leur contact sur le site www.finansol.org

[^3]: Ce total inclut les 217 millions d’euros des livrets Prevair des Banques populaires destinés au financement de l’habitat écologique.

Publié dans le dossier
Le retour du peuple
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