À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 12 avril 2012
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On aurait tort de ne pas s’intéresser à la culture populaire. À Disneyland par exemple. Quoi, ce n’en est pas ? Que sont alors toutes ces animations, ces figurines reproduisant les personnages des célèbres dessins animés ? 15,7 millions de personnes se sont rendues, en 2011, au parc de Marne-la-Vallée. Dix fois plus que le nombre d’acheteurs en France d’un roman de Marc Lévy. C’est dire si c’est populaire !

On aurait tort de ne pas s’intéresser aux chaînes d’information en continu. À France Info par exemple. Quoi, l’information n’y est pas incessante ? Si, mais dans une continuité intermittente. Tous les quarts d’heure, vite expédiée, pour laisser place au sport et à toute une série de magazines ou de reportages qui ressemblent à s’y méprendre à du publi-journalisme.

Tiens, justement, samedi dernier, Philippe Gas, PDG d’Eurodisney, était l’invité de l’émission « Patron, chef d’entreprise ». Où l’on a tout appris des valeurs humanistes qui sous-tendent le lieu de culture préféré de Nicolas Sarkozy. Par exemple, quel est le but de ce parc enchanteur ? « Atteindre une profitabilité durable. » Comment y divise-t-on les différents publics ? En « marchés ». Comment désigne-t-on les familles avec enfants de 7 à 9 ans ? « Un cœur de cible. »

Mais le morceau de bravoure restait à venir. « Comme tout le monde du tourisme , déclara le PDG avec une satisfaction non feinte, on travaille avec de la promotion et du discount pour que les gens aient la perception d’une bonne affaire. […] La finesse de nos systèmes commerciaux fait en sorte que la dépense individuelle progresse. »

Voilà comment l’entreprise à la petite souris prend ses visiteurs pour des mickeys. Et comment sur une chaîne du service public, sans que les journalistes présents ne sentent la nécessité de relancer après une telle révélation, un patron explique à quel point Dysneyland excelle dans l’arnaque.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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