Écologie : l’illusion de 2007

Il y a cinq ans, la campagne avait semblé faire place à l’environnement.
Aujourd’hui, la situation s’est aggravée mais l’opportunité est passée.

Patrick Piro  • 5 avril 2012 abonné·es

Pendant la précédente campagne présidentielle, on avait pu croire que l’écologie s’imposait dans les mentalités : les candidats avaient tous signé le « Pacte pour la planète » de Nicolas Hulot, et l’une des premières mesures de Nicolas Sarkozy avait été d’engager le Grenelle de l’environnement.
Au vu de la place de l’écologie dans la campagne 2012, il faut convenir que c’est le battage médiatique qui a fait illusion il y a cinq ans. En octobre 2006, Une vérité qui dérange, le film d’Al Gore sur le péril climatique, débarque en France précédé d’un grand succès aux États-Unis ; Nicholas Stern, économiste britannique réputé, sort un rapport choc sur le coût de l’inaction dans ce domaine (5 500 milliards d’euros) ; Nicolas Hulot plane dans les sondages ; le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) présente les premiers éléments de son 4e rapport : pour la première fois, ce ­collectif de scientifiques affirme avec certitude que le dérèglement est en cours, et que les activités humaines en sont la cause.

Cinq ans plus tard, la situation climatique s’est aggravée, mais l’opportunité politique s’est estompée. Le gouvernement a battu en retraite sur la taxe carbone, mesure phare du Grenelle. Le surplace du sommet climat de Copenhague, fin 2009, a provoqué une sidération mondiale. Les émissions planétaires de CO2 ne ralentissent pas… Les décideurs buttent sur la complexité du problème, notamment ses articulations internationales, et éludent les mesures radicales qui s’imposent. Après la petite euphorie de 2007, la lutte contre le dérèglement climatique est entrée dans une phase de résignation. Mais les politiques peuvent-ils croire que cette crise majeure ne se rappellera pas bientôt à leur bon souvenir ?