« Et vive Eva ! », malgré tout

Chez EELV, pas de regrets inutiles. Chose vues et entendues, dimanche, au Bataclan.

Pauline Graulle  • 26 avril 2012 abonné·es

Dans le camp de l’écologie politique, qui n’a jamais caché que, pour lui, la présidentielle était « contre-nature », le premier tour du scrutin a été un quasi non-événement. Peu de suspense, donc, au Bataclan, où quelques centaines de militants d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et de journalistes s’étaient rassemblés, histoire de partager charcuterie et brochettes de fruits devant un écran géant.

Un peu avant 20 heures, le sénateur EELV Jean-Vincent Placé observe : « Il faut être aux élections, même si parfois on prend des gadins. » Morgann, étudiant chevelu : « Eva, je la verrais bien ministre de la Justice… Oh ça va ! On a bien le droit de rêver, non ? »
« Elle n’aura rien et, d’ailleurs, elle ne voudrait pas d’un ministère », confie une proche de la candidate, qui croit savoir que la députée européenne ne restera pas longtemps dans l’arène politique française.

20 heures. TF1 annonce un petit 2,1 % pour Joly. La salle, toujours détendue, applaudit. Face à une caméra, Denis Baupin, maire adjoint de Paris, s’inquiète du score « extrêmement préoccupant » du FN. Sur la scène, Eva Joly fait son entrée en robe violette pour dénoncer les « apprentis sorciers de l’identité nationale » et annoncer son soutien à François Hollande. « Vive l’écologie, vive la République, vive la France ! », lance-t-elle, une dernière fois. « Et vive Eva ! », hurle un spectateur.

20 h 18. Jean-Luc Mélenchon, en direct de son QG de la place Stalingrad, apparaît sur l’écran : « Nous nous sommes sentis seuls dans cette bataille ! », clame-t-il, déclenchant quelques huées des spectateurs du Bataclan qui y ont entendu une allusion à la prise de bec entre le leader du Front de gauche et Daniel Cohn-Bendit. Sur le plateau de Claire Chazal, Cécile Duflot, qui croise vaillamment le fer avec Jean-François Copé, est déjà entrée en campagne pour le socialiste.

20 h 44. Eva Joly réapparaît pour une dernière allocution à ses militants. Elle assume sa part de responsabilité dans ce score « pas à la hauteur de nos espérances » : « Je n’étais pas une candidate facile », sourit celle qui est déjà largement pardonnée par un public redoublant d’applaudissements… « Haut les cœurs, et au boulot les écolos ! », conclut Joly, les yeux mouillés par l’émotion.

21 h 25. À la télé, François Hollande a un mot pour la « transition énergétique ». Un « Aaaaahhh ! » parcourt l’assistance, soulagée de n’avoir pas été complètement oubliée par celui pour qui elle va voter le 6 mai, mais qui applaudit néanmoins bien mollement son nouveau champion. Ce soir, le Bataclan n’est pas encore tout à fait devenu la succursale de Solferino.

Politique
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