La « très grande » récession

Thierry Brun  • 5 avril 2012 abonné·es

Dans un entretien au Monde (daté du 31 mars), Valérie Pécresse, ministre du Budget, avait annoncé de bonnes nouvelles sur le front de la croissance. « Le spectre de la récession s’éloigne », prédisait la ministre, expliquant que « tous les pays de la zone euro sont ainsi rentrés dans un cercle vertueux de rééquilibrage de leurs finances publiques et de dynamisation de la croissance ».
Ce satisfecit a été largement contredit par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), l’un des principaux centres de recherche français. Dans ses perspectives économiques pour 2012 et 2013, intitulées « Qui sème la restriction récolte la récession », le tableau dressé pour les deux ans qui viennent est loin de l’optimisme affiché par le gouvernement français.

« Le processus qui alimente le passage de la Grande Récession, amorcée en 2008, à la Très Grande Récession n’est pas interrompu par le soulagement temporaire apporté à la crise grecque », prévient l’OFCE. Ainsi, « la zone euro reste dans la zone de risque où à nouveau une crise systémique menace », et « la stratégie choisie par l’Europe, à savoir la réduction rapide de la dette publique, compromet l’objectif annoncé ».

Les économistes de l’OFCE estiment que la zone euro « apparaît comme courant après une stratégie dont elle ne maîtrise pas les leviers, ce qui ne peut qu’alimenter la spéculation et l’incertitude ». Les effets de l’intervention massive de la Banque centrale européenne ces derniers mois pour sauver le secteur bancaire européen et les États européens ne seraient donc qu’éphémères.

En 2012, la zone euro devrait connaître une « légère récession » avant de retrouver une très faible croissance en 2013. Surtout, la reprise économique serait plombée par l’effet des politiques d’austérité en Europe et ne devrait pas suffire à faire reculer le chômage, principal sujet de préoccupation des Français.

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