Droite : l’héritage sulfureux de Sarkozy
La campagne de Nicolas Sarkozy a radicalisé l’électorat de l’UMP :
54% des électeurs de l’UMP sont favorables à des accords avec le FN…
dans l’hebdo N° 1202 Acheter ce numéro
Jusqu’au bout, Nicolas Sarkozy a voulu croire qu’il pouvait l’emporter. Ou voulu faire croire, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Car le président sortant est assez averti pour ne pas avoir compris que son extrême impopularité ne pouvait lui permettre d’être réélu. Dans le dernier baromètre de l’Ifop, 36 % des sondés se déclaraient « satisfaits » de son action « comme président de la République » et 64 % « mécontents ». Ces deux chiffres constituent des records pour un chef de l’État à la veille d’une élection présidentielle. Sa défaite était non seulement prévisible, mais elle semble assez générale.
Et pourtant, ce qui surprend dans le résultat de Nicolas Sarkozy, c’est moins sa défaite que les 48,38 % qu’il recueille encore malgré l’extrême droitisation de sa campagne. Non seulement, il a réussi à mobiliser son camp au-delà de ce que les critiques qu’on y entendait avant sa déclaration de candidature laissaient imaginer, mais il est également parvenu à lever les préventions de beaucoup de ses électeurs contre son style et son projet. Au point que, à l’issue de sa campagne, 54 % des électeurs de l’UMP se déclarent favorables à des accords avec le FN, dans un sondage Ifop. Ils n’étaient que 32 % à se dire favorables à de tels accords en 2010. Et 34 % en 1998, quand plusieurs présidents de Région RPR et UDF avaient accepté de constituer des majorités avec le FN. Le peuple de droite est toujours là et il s’est radicalisé.
Si la stratégie droitière et « populiste » de Nicolas Sarkozy, impulsée par son conseiller Patrick Buisson, venue de l’extrême droite, n’a pas permis de le faire réélire, elle a néanmoins enfanté une nouvelle droite. Il n’est pas exclu que Nicolas Sarkozy, conscient de l’inéluctabilité de sa défaite, ait sciemment conçu le projet de radicaliser son camp en prévision des échéances futures.
Sa défaite et son retrait de la vie politique, auquel il est difficile de croire, laisse pour l’heure l’UMP en grande difficulté. Aucun de ceux qui en briguent le leadership ne peut se prévaloir d’un bon score de leur champion dans leur fief. François Hollande est arrivé devant Nicolas Sarkozy dans la Sarthe, département de François Fillon, comme à Meaux (Seine-et-Marne), Saint-Quentin (Aisne) ou Bordeaux (Gironde), les villes de Jean-François Copé, Xavier Bertrand et Alain Juppé. Ce dernier a d’ailleurs aussitôt renoncé à se présenter aux législatives pour ne pas hypothéquer son avenir à l’UMP.
Afin de sauver les meubles, les responsables de l’UMP ont décidé lundi de mettre en sourdine leurs querelles. Réunis en bureau politique extraordinaire, ils ont décidé à l’unanimité de créer un « comité stratégique » collégial pour conduire la campagne législative. Et récusé le « rapprochement » avec le FN suggéré par un des membres de la Droite populaire. Mais, en coulisses, tout le monde se prépare à guerroyer pour la présidence du parti. Un congrès est prévu cet automne.