Le « pacte vert » d’Alain Lipietz

L’économiste préconise d’aller plus loin qu’un rafistolage du productivisme libéral.

Patrick Piro  • 17 mai 2012 abonné·es

Ainsi, on assiste à un affrontement entre l’« austérité Merkel » et la « croissance Hollande ». Dans Green Deal[^2], l’économiste Alain Lipietz, l’un des penseurs d’Europe Écologie-Les Verts, s’interroge : tout cela est-il à la hauteur de l’échec du libéral-productivisme ? L’auteur estime qu’en dépit d’un cousinage certain avec le krach de 1929, la crise est d’une nature différente, pour cause d’épuisement des ressources naturelles.

Lipietz identifie deux gros nœuds : le dérèglement climatique lié à la consommation d’énergie (avec raréfaction des sources fossiles) et la bataille mondiale pour l’alimentation (production d’aliments humains et animaux, agro­carburants, préservation de biodiversité).

Il faut un « Green Deal », défend Lipietz, qui suppose une réforme profonde de l’Union européenne : régulation financière et budgétaire rigoureuse, effacement des dettes, budget à la hausse pour assurer la solidarité, forts investissements verts générateurs d’emplois (industrie, agriculture, bâtiment, transports…) via la commande publique, valorisation de l’économie sociale et solidaire comme lieu d’exercice d’un pouvoir citoyen décentralisé.

Ce fédéraliste convaincu identifie des outils de transition : leviers techniques (fiscalité, normes, planification…), expérimentations sociales (Amap, écoquartiers…), mutations sociétales (changement des régimes alimentaires, fin du consumérisme). Parmi les obstacles, il n’oublie pas les réticences des populations les plus modestes, qu’il faudra convaincre que le Green Deal n’est pas une agression contre leur pouvoir d’achat.

[^2]: La Découverte, 185 p., 16 euros.

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