Parution

Politis.fr  • 10 mai 2012 abonné·es

« Être radical » La Revue des livres

Lointaine héritière – avec un comité de rédaction élargi – de feu la Revue internationale des livres et des idées, lancée il y a quelques années par les Éditions Amsterdam, la Revue des livres est, en à peine un an, parvenue à s’imposer dans le paysage complexe et souvent fragile des revues.
Diffusée à la fois en kiosque et en librairie (avec une extension propre sur Internet), bimestrielle, elle en est aujourd’hui à son cinquième numéro
et s’attache à intervenir dans le débat intellectuel en s’appuyant sur des publications récentes. Revue revendiquée de lecture critique, elle réunit de jeunes intellectuels ou part à la rencontre de plumes prestigieuses, toujours marquées très à gauche, qui livrent leur regard sur des ouvrages publiés – chose assez rare ici – aussi bien en France qu’à l’étranger.

Il faut saluer tout particulièrement cette livraison de fin de printemps, à la fois pour sa cohérence
et sa haute tenue. Articulé autour de la question de la radicalité en politique, il est illustré tout entier par de superbes clichés de Malik Nejmi faisant partie d’un long reportage (exposé en novembre 2011 au Festival de photographie de Phnom Penh) sur les répétitions du spectacle The Youth For A Country, reconstitution théâtrale des massacres de masse perpétrés par les Khmers rouges, commandée par le Premier ministre Hun Sen pour la fête du Parti du peuple cambodgien, pilier de son régime corrompu.
On lira tout particulièrement le long article des deux sociologues belges, Nic Görtz et Daniel Zamora, qui ouvre le numéro. Il traite de la réédition par l’éditeur bruxellois francophone Aden d’Être radical. Manuel pragmatique pour radicaux idéalistes, de Saul Alinsky, grande figure de la gauche critique états-unienne du siècle passé et partisan passionné d’une « politique démocratique radicale et populaire qui viserait l’autonomie et l’auto-organisation des dominés ».

Outre un remarquable entretien avec la géographe Anne Clerval (sur « Gentrification et droit à la ville. La lutte des classes dans l’espace urbain »), figure aussi un ensemble d’articles sur les années 1970 en Italie et la montée de la violence politique, qui se concentrent surtout sur la lecture – à partir de la masse de publications récentes, historiques mais surtout romanesques – de cette période actuelle, controversée et complexe, dans la péninsule.
Sans oublier le brillant article de Nicolas Hatzfeld sur le grand livre d’E. P. Thompson (cf. ci-contre) et un texte très original et émouvant d’Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République, intitulé « Mohamed Merah et moi ». Un numéro à lire, donc, in extenso et de toute urgence !

Idées
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 
Entretien 27 mars 2024 abonné·es

« Notre mort est toujours considérée comme libératrice par cette société » 

De nombreuses personnes handicapées s’opposent à l’euthanasie mais ne sont pas entendues. Une forme de validisme que dénonce l’avocate et militante féministe Elisa Rojas.
Par Hugo Boursier
À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?
Intersections 27 mars 2024

À la grande Aya Nakamura, la patrie reconnaissante ?

La chanteuse, star à l’international, serait indigne, sondages à l’appui, de représenter la France lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Pourtant, c’est elle qui est une chance pour le pays et non le contraire.
Par Maboula Soumahoro
Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?
Démocratie 27 mars 2024 abonné·es

Le secret des États, mal nécessaire ou impasse démocratique ?

Le politiste Sébastien-Yves Laurent interroge le rôle du secret dans le fonctionnement des États, à l’heure où l’on souhaiterait une certaine transparence démocratique. En vain, une part clandestine de tout État demeure.
Par Olivier Doubre
« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »
Entretien 20 mars 2024 libéré

« J’ai autre chose à faire que de répondre aux gens qui sont choqués dans la vie »

« Benyamin Netanyahou, c’est une sorte de nazi sans prépuce. » Pour cette formule, Guillaume Meurice, l’humoriste star de France Inter, a reçu une convocation devant la police judiciaire. Dans son nouveau livre, Dans l’oreille du cyclone, il revient sur cette polémique et rappelle l’importance de défendre la liberté d’expression.
Par Pierre Jequier-Zalc