Tiens, une présidentielle (8) …

… la nécessaire refondation.

Bernard Langlois  • 4 mai 2012
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Nous vivons donc toujours sous le joug de cette double malédiction, institutionnelle et politique.

Institutionnelle : l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel nous a conduit tout droit dans le grand bain de la politique-spectacle, à l’américaine, paillettes et fric, affrontements stériles, écuries concurrentes et candidats de pochettes-surprise pour brouiller un peu plus le jugement de l’électeur, prétendument souverain.

Le pire, c’est qu’il le croit, le bougre, et qu’il sera bien difficile de le faire renoncer à ce qu’il pense être une « avancée démocratique » , tu parles Charles !

Politique : s’il a su, mieux que personne, en dénoncer les effets pervers [^2], Mitterrand, une fois élu, a fait mieux que s’accommoder de cette Constitution qu’il vilipendait dans l’opposition. Et fort de cette position de « chef de la gauche » généreusement octroyée en 1965, il s’est, après bien des vicissitudes, installé sur un trône qu’il occupa sans vergogne, en souverain quasi absolu pendant quatorze ans !

Le pire, c’est que, nostalgiques de cette époque mythique qui, à défaut de changer la vie des électeurs a changé la leur, élus, prébendiers et obligés de cet homme de droite grimé en progressiste, ne rêvent plus que d’en retrouver les trucs de magicien de tréteaux qui les feront regrimper sur le podium.

Nous ne sommes pas dupes.

L’élection en cours, dont nous connaîtrons dimanche le vainqueur, a donc encore démontré cette double impasse où les militants de gauche sincères sont coincés.

Seul Mélenchon a tenté, avec un certain succès, de faire bouger les lignes et sa campagne, brillante, a seule mis le projecteur sur cette nécessaire et double refondation.

Le combat devra se poursuivre, quel que soit l’élu de dimanche.

Un élu dont je souhaite, comme ce journal qui m’abrite, qu’il s’appelle François Hollande, quelles que soient les ambiguïtés de ses choix politiques, tant seraient catastrophiques les effets pour la démocratie d’un nouveau quinquennat de Nicolas Sarkozy, aventurier désormais clairement engagé avec l’extrême-droite.

Au moins, préserver l’essentiel !

[^2]: Le coup d’Etat permanent Plon, 1964

{{ Comme, soyons clairs, le gros de la "crise" systémique est encore à venir, les adversaires de Hollande ont beau jeu de lui prédire de rapides difficultés majeures. Sur ce point, ils ont probablement raison. Mais ça ne change pas le nécessaire préalable à tout redressement raisonnablement escomptable et toute poursuite du combat démocratique : la déroute du président sortant.}} {(Vous pouvez commenter, bien sûr : mais comme toujours, en assumant vos réflexions, qui sont modérées par moi-même, les anonymes filent direct au panier !).}
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