L’avenir du Front de gauche hors du gouvernement

Le PCF a définitivement écarté toute participation au gouvernement. Le FG tente de constituer un groupe.

Michel Soudais  • 21 juin 2012 abonné·es

Il n’y aura pas de ministres communistes. La rumeur d’une participation gouvernementale du PCF courrait dans les médias, essentiellement entretenue par les dirigeants socialistes, qui rêvaient ainsi de diviser le Front de gauche. Pierre Laurent l’avait autorisée en n’excluant pas un tel scénario tout en l’assortissant de conditions improbables. Lundi matin, le conseil national du PCF a définitivement balayé cette éventualité : « En raison des refus répétés de prendre en compte nos propositions, nous estimons que les conditions de notre participation au gouvernement Ayrault ne sont pas réunies », peut-on lire en gras dans la résolution soumise au vote des adhérents du PCF. Celle-ci devait être définitivement adoptée à l’issue d’une conférence nationale convoquée mercredi.

Devant le parlement communiste, le secrétaire national du PCF a affirmé avoir eu « brièvement » au téléphone, dimanche soir, le Premier ministre, qui lui a répété que son « seul mandat » était « le programme présidentiel ». Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, a de son côté déploré qu’il n’y ait eu « aucune discussion autour d’une table » sur le contenu de la politique gouvernementale. « Nous ne nous reconnaissons pas dans une conception présidentialiste du gouvernement qui réduirait sa feuille de route au programme » du Président, alors que François Hollande a été élu « grâce notamment aux 4 millions de voix » du FG, relève la résolution soumise aux militants. La même résolution porte un regard positif sur « les résultats des campagnes électorales du Front de gauche » et « la mise en mouvement populaire et citoyenne qui les a portées ». Et annonce que le PCF s’associera « avec tous ceux qui se sont investis dans le Front de gauche » pour transformer pour la première fois le Remue-méninges initié par le Parti de gauche (PG) en un « grand rendez-vous d’été » les 25 et 26 août à Grenoble.

L’hypothèque gouvernementale levée, le Front de gauche doit toutefois réfléchir à son avenir. Et analyser les raisons de sa contre-performance électorale : alors qu’il représentait 25 % des voix de gauche au premier tour de la présidentielle, 15 % de celles-ci aux législatives, il n’aura que 10 députés, 2,9 % des élus de gauche, dans la nouvelle Assemblée. Le PCF, qui avait 12 sortants en perd 5, la Fase passe de 3 à 2, le PG de 3 à 1. La faute au mode de scrutin et à la bipolarisation induite par l’inversion du calendrier électoral. Mais pas seulement. Lors du conseil national du PCF, rapporte l’Humanité (19 juin), certains ont pointé l’absence de campagne nationale lors des législatives, un positionnement peu lisible vis-à-vis de la majorité, les doutes des électeurs quant à la possibilité d’appliquer les propositions du Front de gauche, un résultat à la présidentielle présenté ou ressenti comme un échec… Sans attendre que toutes les formations qui le composent mènent cette réflexion, le Front de gauche était confronté à un dilemme : attendre une modification du règlement de l’Assemblée pour pouvoir constituer un groupe Front de gauche avec dix députés, ou chercher le renfort de députés ultramarins « progressistes » afin de franchir la barre des quinze députés nécessaires pour constituer un groupe, comparable à celui de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), où siégeaient ses députés dans la précédente mandature. Sous l’influence d’André Chassaigne (PCF Puy-de-Dôme), qui en prend la présidence, cette solution a été retenue par les dix élus qui en seront le noyau.