Sans-papiers : Gardes à vue illégales

La chambre criminelle de la Cour de cassation s’aligne sur la jurisprudence européenne.

Clémence Glon  • 14 juin 2012 abonné·es

Les commissariats ne sont pas les antichambres de l’expulsion. Mettre en garde à vue des personnes arrêtées pour situation irrégulière relève donc d’un zèle judiciaire. C’est ce qu’a conclu, mardi 5 juin, la chambre criminelle de la Cour de cassation, qui avait été saisie à titre consultatif.

Tenant compte de cet avis, la première chambre civile de la Cour devrait trancher prochainement la question. Si elle suit la chambre criminelle, la garde à vue des sans-papiers sera officiellement interdite. « Les pratiques policières changeront et nous allons revenir à la procédure de vérification d’identité », d’une durée maximale de quatre heures, explique à l’AFP Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

En France, le passage par la garde à vue concerne près de 60 % des personnes sans papiers interpellées. Ces 24 à 48 heures de détention sont pourtant contraires aux arrêts rendus par la Cour de justice de l’Union européenne en avril et décembre 2011. Les associations de défense des étrangers avaient alors saisi la haute juridiction pour mettre fin à cette incohérence.

« On utilise une procédure pénale [la garde à vue] pour aboutir à une décision administrative [une éventuelle expulsion]  », dénonce Stéphane Maugendre. Souvent utilisée par facilité, la garde à vue permet aux policiers de gagner du temps, mais place les sans-papiers au même régime que les auteurs de crimes ou de délits.

Société
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »
La Midinale 12 septembre 2025

« Le RN reste un parti hostile à tout mouvement social »

Safia Dahani, docteure en science politique, co-directrice de l’ouvrage Sociologie politique du Rassemblement national aux Presses universitaires du Septentrion, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre
Décryptage 11 septembre 2025 abonné·es

Ce que « Bloquons tout » peut construire en vue du 18 septembre

Plus de 200 000 personnes se sont mobilisées ce 10 septembre. Des chiffres qui dépassent largement les estimations du gouvernement, même si cela reste peu en comparaison de la lutte contre les retraites. Un tremplin vers la mobilisation intersyndicale du 18 septembre ?
Par Pierre Jequier-Zalc
« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »
Entretien 11 septembre 2025 abonné·es

« Nos enfants qui vivent mieux que nous est une idée très largement menacée »

Historienne et spécialiste des mouvements sociaux et des mobilisations féministes, Fanny Gallot appelle à « désandrocentrer » le travail pour appréhender la diversité du secteur reproductif, aujourd’hui en crise.
Par Hugo Boursier
10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »
Analyse 11 septembre 2025 abonné·es

10 septembre : « Pourquoi est-ce toujours aux jeunes des quartiers de rejoindre les mobilisations ? »

Le 10 septembre devait rassembler tout le monde. Pourtant, les jeunes des quartiers populaires étaient peu représentés. Absents ou oubliés ? Dans les rassemblements, au sein des associations et pour les jeunes eux-mêmes, la question s’est posée.
Par Kamélia Ouaïssa