Nouveau divorce au NPA

Ce week-end, la Gauche anticapitaliste, courant unitaire au sein du NPA, a officiellement rejoint le Front de gauche, laissant le parti d’Olivier Besancenot et Philippe Poutou plus isolé que jamais.

Pauline Graulle  • 9 juillet 2012
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Nouveau divorce au NPA
© Retrouvez la résolution de la Gauche anticapitaliste à l'issue de la Conférence nationale du NPA du 8 juillet 2012 en cliquant [ici !](http://www.gauche-anticapitaliste.org/content/declaration-de-la-gauche-anticapitaliste-lissue-de-la-conference-nationale-du-npa-du-8) Photo : AFP / Bertrand Langlois

Le divorce est consommé. Deux conférences de presse, organisées le même jour mais à deux heures d’intervalle, et dans deux endroits séparés : le NPA et son courant, la Gauche anticapitaliste (GA), sont ressortis, dimanche, de leur conférence nationale, comme deux mouvements politiques désormais distincts. Si le texte F, s’opposant à une entrée du NPA dans le Front de gauche, a remporté presque 40 % des suffrages (sur 2 119 votants), la GA, créditée de plus de 22 %, a définitivement quitté l’ancien parti de Besancenot pour rejoindre le Front de gauche. Et avec elle, plusieurs centaines de militants. Une troisième vague de départs en trois ans, qui fait retomber le NPA à moins de 3 000 adhérents, loin des années fastes de Besancenot, qui rassemblait alors près de 9~000 militants, et même, en deçà des premières heures de la LCR…

« On n’est pas encore morts »

Rue Taine, dans le sous-sol humide de la librairie « La Brèche », le QG historique de l’ex-LCR, Philippe Poutou reconnaît un « coup dur » qui « va nous fragiliser, nous compliquer la vie » . Ce qui n’entame pas pour autant sa décontraction et son franc-parler habituels : « Est-ce que c’est le début de la fin ? Peut-être que c’est une étape. Mais le NPA n’est pas encore mort » . Et de plaisanter sur le titre d’un billet d’un blog politique du « Monde », paru la semaine dernière : « L’interminable chute du NPA [le titre de l’article, NDLR], à un moment, ça va s’arrêter… quand on sera plus que dix… »

« Il n’y aura pas de guerre fratricide entre nous, on a la volonté de continuer à travailler ensemble , ajoute, dans un langage plus policé, Christine Poupin, l’autre porte-parole du NPA. C’est quelque chose de désagréable, et qui nous prive de camarades, de collectifs militants, mais on n’est pas dans la rancœur » .

Tous deux peinent pourtant à expliquer ce qui les sépare, dans le fond, de la Gauche anticapitaliste, et même du mouvement conduit par Jean-Luc Mélenchon. Une « appréciation différente sur le chemin à emprunter » , pour Poupin. « Le Front de gauche a une attitude ambiguë, avance Poutou, faisant référence à l’attitude du mouvement sur le discours de politique générale du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. On a besoin de vérifier sur quoi on n’est pas d’accord » . « Mais on lâche pas » , conclut l’ancien candidat à la présidentielle, faisant référence sans le vouloir au mot d’ordre de campagne du Front de gauche…

Nouvelle ère pour la Gauche anticapitaliste

Une bonne poignée de minutes plus tard, à quelques stations de métro de là, dans un café du 20e arrondissement, les quatre nouveaux porte-parole de la GA, entrée comme huitième composante du Front de gauche, font les présentations. En sweat-shirt bleu, Ingrid Hayes estime à 700 le nombre de militants du NPA ayant décidé de rejoindre le Front de gauche. « Le Front de gauche doit être plus qu’un cartel [de partis] , juge Myriam Martin. Le but est d’élargir et transformer le Front de gauche, on est au début d’un processus » . Qui n’exclut pas de faire alliance avec les autres « petits » (Fase, Gauche unitaire…) du mouvement pour faire de la GA la troisième force, après le Parti de gauche et le PCF.

Chez la GA en tout cas, pas de doute, le NPA vit sa dernière heure. Et on n’hésite pas à décocher quelques flèches en direction de l’ancienne maison-mère. En ces temps de crise et d’austérité, « l’heure n’est pas à cultiver son jardin et à construire sa boutique » , lâche Guillaume Floris, qui tacle l’isolement d’un NPA, dont l’ancêtre, la LCR, avait pour ambition un mouvement large et unitaire : « On a même l’impression que le NPA a renoncé à ses ambitions quand il était LCR » .

Frédéric Borras, membre de la direction, enchaîne : « Le NPA ne faisait pas le poids tout seul, il le fera encore moins à l’avenir. En procédant par déni de réalité, le NPA stérilise les forces militantes » . Puis il s’enquiert, curieux : « Et au fait, qui était présent à la conférence de presse du NPA ? » Le divorce est officiel, mais les vieilles habitudes de couple ne s’effacent pas en un week-end…

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