Hollande conserve la « ligne »

Le Président français marche dans les pas de son prédécesseur dans les dossiers syrien et du nucléaire iranien.

Denis Sieffert  • 30 août 2012 abonné·es

Devant les ambassadeurs français réunis lundi à l’Élysée pour une conférence annuelle, François Hollande eut une formule alambiquée. Il jugea d’abord que « la plus grave des incertitudes tient au risque de la prolifération nucléaire » . Avant d’ajouter que ces incertitudes « tiennent aussi aux peurs légitimes qu’une telle prolifération peut inspirer et aux réactions légitimes préventives qu’elle peut provoquer » . Précisant sa pensée, il qualifia d’inacceptable que l’Iran se dote un jour de l’arme nucléaire. Mais c’est l’allusion aux préparatifs israéliens d’attaque contre l’Iran qui peut étonner. C’est peu dire que le président de la République a, par avance, «  légitimé  » les plans de MM. Netanyahou et Barak, Premier ministre et ministre de la Défense de l’État hébreu. Non seulement, dans son discours, les «  peurs  » du gouvernement israélien sont «  légitimes  », mais les « réactions préventives » le sont aussi. En clair, la France dédouane par avance Israël de l’opération que ce pays pourrait mener contre l’Iran. Les États-Unis de Barack Obama sont loin d’aller aussi vite en besogne, tentant plutôt actuellement de freiner les ardeurs guerrières de M. Netanyahou. Pas un mot en revanche du Président français sur l’occupation des territoires palestiniens qui ne cesse de se renforcer.

À propos de la Syrie, François Hollande a annoncé qu’il reconnaîtrait un gouvernement provisoire dès sa formation si celui-ci était représentatif et «  inclusif  ». Autrement dit, s’il incluait toutes les communautés qui composent la population syrienne. Il a emboîté le pas de Barack Obama pour menacer d’une « intervention directe » en cas de recours à l’arme chimique par le régime syrien. Il a répété que Bachar al-Assad devait partir. Il a enfin confirmé que Paris «  travaillait  » en concertation avec ses plus proches partenaires à la création de « zones tampons » en Syrie dans lesquelles les réfugiés seraient sécurisés. Dans ces deux dossiers, François Hollande n’a pas semblé se démarquer d’un iota de la position de Nicolas Sarkozy. Il suit scrupuleusement une ligne que l’on pourrait qualifier d’occidentale. Si l’on pouvait attendre un peu plus de distance dans le dossier irano-israélien, on n’est pas surpris en revanche de son propos sur la crise syrienne.

François Hollande a par ailleurs confirmé qu’il se rendrait à Kinshasa à la mi-octobre pour prendre part au Sommet de la francophonie. Quoi que l’on pense sur cette participation, elle contredit le discours électoral du candidat Hollande, qui n’avait pas exclu de boycotter le rendez-vous de Kinshasa pour marquer sa rupture avec la «  Françafrique  », et sa condamnation des pratiques de corruption et des multiples atteintes aux droits de l’homme commises par le régime de Joseph Kabila. Le Président français entend « réaffirmer que la francophonie, ce n’est pas simplement une langue en partage, mais aussi une communauté de principes et d’idéaux » .

Monde
Temps de lecture : 3 minutes