Un plan contre les plans sociaux, vite !

La hausse du chômage met le gouvernement sous pression avant la négociation du 10 septembre sur la sécurisation de l’emploi.

Thierry Brun  • 6 septembre 2012 abonné·es

Le gouvernement est au pied du mur après la multiplication des plans sociaux et la publication des mauvais chiffres du chômage. Toutes catégories confondues, 4,73 millions de demandeurs d’emploi ont été recensés fin juillet, et la situation devrait s’aggraver, a estimé le ministre du Travail, Michel Sapin. Les syndicats pressent le gouvernement de réagir, et vite. Alarmé par la « forte détérioration de la situation » de l’emploi, Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a annoncé une journée de mobilisation le 9 octobre « pour la défense de l’industrie et de l’emploi ». De son côté, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a menacé le gouvernement de ne pas participer à la négociation sociale sur la « sécurisation de l’emploi » prévue le 10 septembre. Motif : il faut davantage de flexibilité pour les entreprises, une piste que rejettent la CGT et FO.

Le ton monte entre les partenaires sociaux, qui affichent leurs divergences sur les droits des salariés et la compétitivité des entreprises, principaux enjeux de la négociation à venir, où seront notamment abordées les délicates questions du coût du travail et des plans sociaux. Le gouvernement est également attendu sur le front des licenciements boursiers : les syndicats soulignent la multiplication des procédures engagées par les salariés pour sauver les emplois dans les filiales de grands groupes, notamment chez Sodimédical et Fralib. Le communiste André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) à l’Assemblée nationale, souligne qu’une proposition de loi sur l’interdiction des licenciements boursiers a été déposée en juillet. Cette loi reprend un texte des sénateurs communistes voté par les élus socialistes et réclamée en urgence par le Front de gauche. Ce dernier compte aussi déposer une proposition de loi permettant aux salariés de reprendre leur entreprise menacée de fermeture. Autant de sujets que les ministres invités à l’université d’été du Medef la semaine dernière n’ont pas abordés devant le patronat, mais que les syndicats ne manqueront pas de mettre sur la table des négociations.

Travail
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Jeunes morts au travail : le secteur agricole en première ligne
Enquête 10 décembre 2025 abonné·es

Jeunes morts au travail : le secteur agricole en première ligne

Les jeunes travailleurs, stagiaires ou apprentis sont particulièrement à risque face aux accidents du travail dans le secteur agricole. Les chiffres de 2024, que Politis dévoile, en témoignent. Manque de formation adéquate, maniement d’engins inadapté à leur âge, inspection du travail détricotée : les explications structurelles sont nombreuses.
Par Pierre Jequier-Zalc
Mort de Matis : « On pleure tous les jours »
Récit 10 décembre 2025 abonné·es

Mort de Matis : « On pleure tous les jours »

Matis Dugast, intérimaire de 19 ans, est mort en juillet 2025 sur un chantier, en Vendée. Sa mère, Murielle, raconte sa perte et l’attente pour comprendre les raisons de sa mort.
Par Lucie Inland
Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »
Entretien 4 décembre 2025 abonné·es

Appel des intellectuels de 1995 : « Bourdieu a amendé notre texte, en lui donnant une grande notoriété »

L’historienne Michèle Riot-Sarcey a coécrit avec quatre autres chercheur·es la première version de l’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes, alors que le mouvement social de fin 1995 battait son plein. L’historienne revient sur la genèse de ce texte, qui marqua un tournant dans le mouvement social en cours.
Par Olivier Doubre
L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement
Histoire 4 décembre 2025

L’Appel des intellectuels en soutien aux grévistes de 1995, tel que rédigé initialement

Ce texte fut ensuite amendé par certains militants et grandes signatures, en premier lieu celle de Pierre Bourdieu. Mais les cinq rédacteurs de sa première version – qu’a retrouvée Michèle Riot-Sarcey et que nous publions grâce à ses bons soins – se voulaient d’abord une réponse aux soutiens au plan gouvernemental.
Par Olivier Doubre