100 % des centrales en défaut de sûreté

La Commission européenne épingle les cinquante-huit réacteurs français.

Patrick Piro  • 11 octobre 2012 abonné·es

Passe d’armes acide, la semaine dernière, entre les autorités françaises et la Commission européenne. Bruxelles a rendu son analyse des rapports de tests « post-Fukushima » transmis il y a quelques mois par les quatorze pays européens nucléarisés. Si de nombreuses centrales sont épinglées, le parc français se distingue : ses 58 réacteurs (un tiers des 132 de l’Union) comptent tous entre cinq et sept manques ou défaillances (instruments de mesures sismiques inadaptés, équipements de secours inadéquats, etc.), sur une liste de onze points.

Avant le lancement du débat national sur l’énergie, le réseau Sortir du nucléaire appelle à faire entendre le 13 octobre la voix des opposants à l’atome, pour exiger une vraie transition énergétique. Voir www.sortirdunucleaire.org

Réaction outrée de la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui affirment qu’il n’y a rien de plus dans cette étude que dans l’analyse publiée en janvier par cette dernière. Tout en reconnaissant qu’un accident de type Fukushima n’était pas à exclure en France, l’ASN assurait alors que le niveau de sûreté des installations ne justifiait aucun arrêt immédiat. Alors que Bruxelles, à rebours de cette tentative de masquage, souligne les failles de nos réacteurs au sein d’un comparatif européen, balayant le mythe d’une « sûreté à la française » présentée comme l’une des meilleures au monde par l’industrie nucléaire nationale.

Petit coup de théâtre, jeudi dernier : la Commission diffuse une nouvelle version de sa notation, où quelques réacteurs français voient leur note améliorée [^2] ! Paris jure qu’il n’y a pas eu de pression sur Günther Oettinger, le commissaire européen à l’Énergie. Et Bruxelles a de plus annoncé que la version finale du document ne sera rendue que le 18 octobre… Un signe de recul et de demi-échec pour cette tentative d’approche européenne du traitement de la sûreté nucléaire : la France, plus que tout autre pays, réfute le partage de sa souveraineté nucléaire. Par ailleurs, rappellent les écologistes, ce débat en cache un autre : les tests n’ont évalué que les risques de séisme et d’inondation, excluant les menaces d’incendie, d’explosion, d’actes malveillants, de chutes d’avion ou d’erreurs humaines.

[^2]: Voir le Figaro du 5 octobre 2012.

Écologie
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