À contre-courant / La pauvreté, de record en record

Jean Gadrey  • 18 octobre 2012 abonné·es

Le graphique ci-dessous représente l’évolution du nombre de pauvres en France de 1970 à 2010, dernière année connue : nette baisse de 1970 à 1999, qui tient largement à la réduction de la paupérisation des retraités et des personnes âgées, à mettre au crédit de l’État social, puis une stagnation approximative de 1999 à 2004 autour de 7 millions de pauvres. C’est ensuite l’explosion. On retrouve en 2010 le niveau de 1970, soit : 8,6 millions de pauvres. Il est certain (progression du chômage, baisse relative du pouvoir d’achat des minima sociaux, etc.) qu’on battra nettement ce triste record en 2011, et à nouveau en 2012. On va vers les dix millions de pauvres en 2012.

Illustration - À contre-courant / La pauvreté, de record en record

Et après 2012 ? C’est très mal parti, avec l’austérité publique programmée par le nouveau pouvoir, sensible aux pressions des puissants lobbies des riches en guerre contre toute réforme fiscale prenant l’argent où il faut : dans leurs poches. Il faudrait une forte augmentation du RSA et des autres minima sociaux ainsi que des bas salaires et des petites retraites pour contrer la tendance illustrée sur le graphique. Cela nécessite une vraie révolution fiscale, comme l’exige, avec des variantes toutes raisonnables mais exigeant de s’en prendre au « mur de l’argent », un éventail qui va du Front de gauche aux Verts en passant par le collectif Roosevelt 2012, entre autres.

Il est vrai que, comme nos dirigeants n’auront les chiffres de 2013 et de 2014 que deux ans plus tard, cela leur laisse du temps pour en gagner. D’ici là, on aura droit à d’innombrables génuflexions devant l’autel de la « Sainte Croissance » et les seules modalités de croissance qu’on observera seront celles du nombre de pauvres, de chômeurs et d’exclus, et sans doute celle des « déçus du socialisme ». Ce qui précède est le scénario de l’échec. Il est probable, mais pas encore certain. Il deviendra inéluctable si nous ne sommes pas assez nombreux à faire entendre l’indignation devant la pauvreté qui progresse depuis des années, pendant que la grande richesse ne cesse d’enfler.

Chaque semaine, nous donnons la parole à des économistes hétérodoxes dont nous partageons les constats… et les combats. Parce que, croyez-le ou non, d’autres politiques économiques sont possibles.

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