Des yeux partout

Un salon commercial de la vidéosurveillance s’est tenu à Deauville.

Lena Bjurström  • 25 octobre 2012 abonné·es

Malgré l’annonce du ministre de la Ville, François Lamy, indiquant que la part des crédits alloués à la vidéosurveillance par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) passerait de 60 % à 20 % dudit fonds, les entreprises du lucratif secteur de la sécurité ne se découragent pas et tentent toujours de vendre leurs bijoux technologiques. Les 18 et 19 octobre, se sont ainsi tenues à Deauville les Universités de la sécurité. L’annonce, relayée par la Commission nationale des villes, fait songer à un événement public et officiel. Que nenni : ces Universités de la sécurité, premières d’une probable longue série, sont organisées par deux structures privées ayant à cœur de faire vivre leurs fonds de commerce.

L’Association nationale de la vidéoprotection (AN2V), dirigée par Dominique Legrand, est financée par 80 entreprises du secteur, à hauteur de 200 000 euros par an, selon le site owni.fr. Quant à France action locale, filiale du groupe Demos, elle organise des formations dans tous les domaines pour les élus et fonctionnaires d’État. Son président, Florent Montillot, est également adjoint au maire d’Orléans, une des villes les plus vidéo-surveillées de France.

Mais non, pas de conflit d’intérêts, ** il s’agissait bien, à Deauville, d’inviter à une « réflexion commune » sur la sécurité aujourd’hui… Acteurs publics et privés ont ainsi pu assister à des débats sur « la coproduction de sécurité » ou sa « gouvernance », tout en « rencontrant utilement les entreprises exposantes », qui présentaient « des outils technologiques performants pour répondre à [leurs] besoins ». En complément des conférences, des entreprises du secteur, pour la plupart membres d’AN2V, ont sponsorisé neuf ateliers aux intitulés parfois équivoques : « la géolocalisation », « le choix d’une caméra de vidéoprotection » ou encore « la détection automatique d’anormalité en 2012 ».

George Orwell a de quoi se retourner dans sa tombe : la politique répressive en matière de sécurité appliquée ces dernières années a fini par banaliser le type d’assertion mise en avant par Dominique Legrand et Florent Montillot dans leur présentation de l’événement, « la sécurité est la première des libertés ».

Société Police / Justice
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