Chacun sa croix

Deux films pour une réflexion sur la ferveur et l’engagement catholiques.

Jean-Claude Renard  • 8 novembre 2012 abonné·es

Pleine entre-deux-guerres. Spécialiste de la morale conjugale, fondateur de l’Association pour le mariage chrétien, l’abbé Viollet reçoit à ce titre plusieurs centaines de lettres de catholiques pratiquants. Cas de conscience, doléances, conseils… Face caméra, très sobrement, par la voix de comédiens, Blandine Lenoir réanime cette correspondance inspirée par les interdits, viviers de tourments et de souffrances.

Autre lieu, autre époque. À Senigallia, dans les Marches italiennes, Giacomo est un jeune séminariste bientôt ordonné prêtre. S’ouvrent les béances du paysage et du temps devant lui, une négociation avec les contingences matérielles. Humbles contingences. Tandis que résonnent en cette année 2006 les vivats de la Coupe du monde de foot, des tifosis affolés par une Squadra en finale. Un prétexte pour Diego et Luca Governatori, deux jeunes cinéastes italiens formés à la Fémis, pour livrer un témoignage sur la foi, le temps, la solitude intérieure, les renoncements. Ce qui n’empêche pas les prêtres de chahuter dans les champs, enivrés par les fragrances des blés fauchés, les robes noires soulevées par le mouvement d’une tarentelle, comme Mario Giacomelli les avait croqués, au même endroit, à l’argentique, dans une espèce de féerie taillée au scalpel de mage. Ces deux films formant un ensemble, où l’hier a valeur d’aujourd’hui, sous le titre Il était une foi, interrogent ainsi la place de l’Église dans la vie sociale, culturelle et intime. De façon sublime.

Cinéma
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