Miroir, subtil miroir…

Une histoire des séries américaines, comme un reflet de la société outre-Atlantique.

Jean-Claude Renard  • 22 novembre 2012 abonné·es

Années 1950. Pleine guerre froide. Il n’y a guère que le petit écran pour rassurer l’Américain moyen, bercé par des séries policées, où domine le personnage du père de famille, modèle de sérénité et de réussite, calé dans la paix sociale. Seule la sitcom All in The Family  (1971), écrite par Norman Lear, viendra réveiller une société marquée par la guerre du Vietnam, bouleversée par la contre-culture. Tandis que la mère au foyer reste bien ancrée dans l’imaginaire collectif, jusqu’à l’apparition d’une femme obèse dans Roseanne  (1988), puis d’une alcoolique repentie dans Murphy Brown  (1988). Dans l’ensemble, le petit écran est en retard sur la réalité quand The Cosby Show  (1984-1992) marque une première rupture avec le politiquement correct. Sex and The City  (1998-2004) puis Desperate Housewives  (2004-2012) raccrocheront les wagons, dans l’humour noir et une féminité conquérante.

Avec les Sopranos  (1997-2009), le changement est brutal, relatant l’existence d’un mafieux cherchant un sens à sa vie. Sombre et cynique fiction, à l’instar de The Wire  (2002-2008), dressant le portrait d’une société multiculturelle inquiète, qui s’interroge, traversée de personnages complexes. Produit par la télévision publique américaine, nourri d’archives et d’entretiens (David Lynch, Alan Ball, Bob Rainer, Alec Baldwin), l’Amérique en prime time livre ainsi les liens étroits entre la société et les séries, mutuellement influencées, se répondant, tout en retraçant plus d’un demi-siècle de télévision.

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