À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 6 décembre 2012
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Il paraît que les idéologies sont mortes. C’est ce qu’on lit dans les journaux. Restent quelques exceptions, des endroits reculés, en déphasage avec le monde, limite sectaires. L’extrême gauche, par exemple. Nous sommes encore très idéologisés, à l’extrême gauche, le saviez-vous ? Je dis « nous » parce qu’un chroniqueur sur France Culture a encore trouvé l’occasion, certes non sans talent dans la dérision, de renvoyer Politis sous cette étiquette-là, journal d’ « extrême gauche », « militant » et tutti quanti … Allez, Thomas Clerc – puisqu’il s’agit de lui, dans « Rendez-vous », le 30 novembre – est suffisamment subtil pour savoir distinguer entre l’extrême gauche et une gauche de gauche sans obédience, et je comprends qu’on ne soit pas à ça près dans une chronique enlevée, destinée à faire rire la galerie. Mais je l’invite à exercer sa verve extralucide sur d’autres objets a priori moins pittoresques que ce modeste hebdomadaire, à dénicher l’activité militante là où les bons esprits ne la relèvent guère.

Regardez par exemple, cher Thomas Clerc, le point de vue partisan dont fait preuve la Commission européenne quand elle veut remettre en cause les règles sur lesquelles reposent les aides au cinéma, dont même le Figaro (du 3 décembre) dit qu’elles sont « rentables et vertueuses ». C’est un vieux serpent de mer qui ressurgit régulièrement, parce que chez ces gens-là, Monsieur, on a les idées fixes, rigides. Des idées d’airain. Ce nouveau projet de directive ferait basculer le cinéma dans le droit commun. Fin de l’exception culturelle. Ce qui amplifierait les délocalisations. Permettrait aux États-Unis de vendre leurs films comme des savonnettes. Saperait le système de soutien français. Voilà ce qu’ils ont dans la tête, à la Commission européenne. De l’idéologie pure et dure. Du dogme en concentré. Aussi risible qu’un hebdomadaire d’ « extrême gauche », non ?

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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