Acharnement incompréhensible contre Philippe El Shennawy

Philippe El Shennawy s’est vu refuser sa demande
de libération conditionnelle. Après trente-sept années de prison.

Jean-Claude Renard  • 17 décembre 2012
Partager :
Acharnement incompréhensible contre Philippe El Shennawy
© Photo : AFP / PASCALE MOLLARD-CHENEBENOIT

Condamné en 1975 à la perpétuité pour un braquage avec prise d’otage, dans un procès orchestré à charge par le commissaire Broussard, Philippe El Shennawy a déjà passé trente-sept ans derrière les barreaux. Sans avoir jamais tué personne, mais en agaçant l’administration pénitentiaire entre brèves évasions et comportement d’insoumis en prison. En mai dernier, en réponse à sa demande de liberté conditionnelle, le tribunal de Versailles avait fixé sa libération à… août 2032. Pas moins. L’homme a aujourd’hui 58 ans.

Face à cet acharnement de la justice, El Shennawy a mené une grève de la faim de quelques semaines, obtenant au moins la sortie de l’étiquette de « détenu particulièrement surveillé »  (DPS), en attendant sa requête d’un « relèvement de peine de sûreté » , dont le jugement devait être rendu à l’automne.

C’est tombé ce 12 décembre. Le tribunal mégote et fixe une sortie dans trois ans. Ça fera quarante ans de détention pour un homme que les experts ne jugent pas dangereux pour la société. Quel est le sens de cette peine ? Incarcéré à Poissy, abattu, Philippe El Shennawy a menacé de mettre fin à ses jours. Et déjà tenté de se suicider dans la nuit qui a suivi la décision du tribunal de Versailles. En vain.

Au ministère de la Justice, contre le tout-carcéral, Christiane Taubira a annoncé vouloir abroger les peines de sûreté. Il n’est pas plus que temps. Il est déjà tard.

Société
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage vidéo 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue, Phuoc-Vinh Tran, de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier
Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »
Libertés publiques 25 novembre 2025

Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »

Après son expulsion forcée en Italie, Elena Mistrello, autrice de BD italienne dénonce dans Politis les moyens de contrôle, de surveillance et de répression déployés par l’État contre les personnes migrantes et les militants.
Par Pauline Migevant
« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »
Justice 25 novembre 2025

« Nous, victimes du docteur Tran, perdues dans les limbes de la justice »

Au terme d’une dizaine d’années d’enquête, le docteur Tran comparaîtra devant la cour criminelle du Val-d’Oise en 2027 pour 112 viols et agressions sexuelles. Dans une tribune, quarante plaignantes alertent sur les délais de la justice.
Par Collectif