L’homme qui jouait de la mélancolie

Patterson Hood évoque un moment de son passé dans une série de chansons intimes et émouvantes.

Jacques Vincent  • 31 janvier 2013 abonné·es

Patterson Hood est le chanteur de Drive By Truckers, groupe originaire d’Athens, cette ville de Géorgie que R.E.M. a, un jour lointain, placée sur la carte électrique du monde. Pour la petite histoire, c’est aussi le fils de David Hood, bassiste historique des studios Muscle Schoals, que l’on peut entendre sur nombre de disques d’Aretha Franklin, de Wilson Pickett, d’Etta James, de Bobby Womack et même du trop oublié et pourtant formidable Traffic de Stevie Winwood.

Le troisième album de Patterson Hood est né du projet d’écrire un livre. De raconter un moment de son histoire, précisément l’époque où il jouait déjà avec son compère Mike Cooley, toujours à ses côtés dans Drive By Truckers, dans un groupe appelé Slam Dancing in the Pews, après la disparition du précédent, Adam’s House Cat – ceci précisé pour ceux qui s’étonneraient de la singularité du nom de son groupe actuel. L’idée du livre était de revenir sur cette période de sa vie, qu’il qualifie aujourd’hui de très turbulente, émotionnellement s’entend, en entrecoupant les chapitres de chansons écrites à ce moment-là et de nouvelles compositions. D’où une écriture en parallèle de textes et de chansons, jusqu’à ce que l’inspiration des premiers s’éteigne et qu’il ne reste plus que les secondes, arrivant à un rythme soutenu, comme il semble que ce soit souvent le cas chez Hood.

Ce qui explique que ces chansons ont pour point commun de raconter des histoires, de décrire des situations et des personnages avec un art incontestable du récit qui leur donne aussi un rythme particulier. Certaines ressemblent à de courtes nouvelles et sont même racontées plus que chantées. Patterson Hood avoue signer son disque le plus personnel. Le plus intime aussi. On comprendra, dans ce contexte, que les guitares électriques fanfaronnent moins que chez Drive By Truckers, qu’elles soient plus souvent en version acoustique et côtoient piano, orgue, banjo et autres violon et steel guitare qui s’y connaissent en traits mélancoliques, à dessiner des nuages noirs et des ombres, à évoquer ce vent froid qui glace les os. Ce sont les atours de ces chansons solitaires. Solitaire comme on peut l’être, éveillé et seul à quatre heures du matin, comme il est dit dans l’une d’entre elles.

Musique
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