Le « parler cru, parler dru » de Jean-Luc Mélenchon écorche, paraît-il, quelques oreilles délicates. Les miennes ne le sont pas. Et je préfère ce langage rugueux à toutes les langues de bois ou de coton qui polluent la sphère politico-médiatique.
Après tout, appeler un chat un chat et Moscovici un coquin ne relève que de l’évidence.
Mélenchon affirme parler comme le peuple et pour le peuple. Donnons-en lui acte. Il en est issu, du peuple, et ne s’est pas donné que la peine de naître. Le respect qu’il a pour “les gens” (il aime bien dire “les gens”) a peu à voir avec la véhémence et le vocabulaire qu’il met dans ses discours : ça (qui du reste ne gêne pas “les gens” ) c’est pour se faire entendre des gourmés, choquer le bourgeois et avoir accès aux micros ; et ça marche dirait-on [^2] .
Non, le respect, c’est de faire ce que plus aucun autre [^3] que lui n’ose : ne pas parler à son auditoire comme à un ramassis de demeurés qu’on gave d’“éléments de langage” fournis clés en mains par des “communicants” (cette engeance) ; au contraire, parler de choses graves, sérieuses, réputées incompréhensibles pour le “ vulgum ” ; et plus encore, nourrir son propos de références — historiques, politiques, littéraires, poétiques —, faire passer dans ses démonstrations de grands souffles qui décoiffent, un lyrisme qui fait ricaner les cyniques et les Importants, mais parle aux autres, les petits, les sans-grades, ses Grognards, ses Flambeau …
Alors ses anciens camarades du « parti solférinien » (puisque voici adopté au PG, semble-t-il, ce qualificatif que je défends depuis longtemps, et qui permet de garder propre sur lui celui de socialiste), les autres crient au populisme, pardi [^4] !
« Méfie-toi, le peuple, disent-ils, cet homme est dangereux ! Ne vois-tu comme il crie, comme il apostrophe et s’agite ? Il va t’entraîner vers des précipices, ce mauvais berger … Reste avec nous, qui sommes la raison, l’équilibre, la douceur et savons ce qui est bon pour toi ! »
Bien sûr, vous connaissez la fable : ce n’est point le bruyant Cochet qui menace les souriceaux que nous sommes.
Mais bien le Chat, cet hypocrite.
[^2]: Avec une contrepartie : perdre trop de temps à s’expliquer sur la forme au détriment du fond : cet éco-socialisme, notamment, qui vaudrait qu’on s’y attarde.
[^3]: J’exagère, il en est quelques-uns, Filoche par exemple. Quel dommage que ce dernier ne rejoigne pas le Front de Gauche !
[^4]: Et pour faire bon poids, à l’antisémitisme, l’ignominie ordinaire des gens qui n’ont plus d’argument … Harlem, t’as pas honte !
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