Le revers du miracle allemand

Un rapport sur la pauvreté et la richesse suscite l’embarras outre-Rhin. Le modèle qui inspire le gouvernement français est bien écorné.

Thierry Brun  • 14 mars 2013 abonné·es

Auréolé de ses succès en matière de compétitivité, le modèle allemand a pris un sérieux coup le 5 mars avec la publication d’un rapport sur « la pauvreté et la richesse en Allemagne », qui concerne la période 2007-2012. Le document a suscité une vive polémique outre-Rhin en cette période préélectorale, la gauche accusant le gouvernement d’avoir enjolivé la situation sociale du pays. La polémique n’a cependant pas atteint la France, alors que François Hollande promet de réduire le chômage « coûte que coûte » et suit la voie tracée en 2003 par l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder. La récente réforme du marché du travail, signée le 11 janvier par le Medef et trois organisations syndicales minoritaires, s’inspire de la dérégulation du marché du travail en Allemagne pour relancer la compétitivité des entreprises.

Or, l’étude allemande a de quoi déranger sur les effets de cette politique. Elle révèle que les inégalités sociales se sont accrues et qu’un Allemand sur sept est menacé de pauvreté. Ainsi, les 10 % d’Allemands les plus fortunés se partagent 53 % de la richesse nationale, et les 50 % les plus pauvres ne possèdent que 1 % de la richesse du pays, contre 3 % il y a dix ans. Plus de 4 millions de personnes travaillent pour un salaire horaire brut de moins de 7 euros, et l’espérance de vie des petits revenus est passée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010. Pour l’ONG allemande Caritas, les chiffres présentés sont alarmants, du fait notamment de l’absence d’ascenseur social dans le pays. Le rapport jette un regard saisissant sur le « miracle allemand »: un document qui devrait interpeller le gouvernement français.

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