Parutions de la semaine

Femen

Anna Houtsol, Inna Chevtchenko, Oksana Chatchko et Sacha Chevtchenko, avec Galia Ackerman (qui a préfacé et traduit le livre de l’ukrainien), Calmann-Lévy, 272 p., 17,50 euros.

31 octobre 2011 : quatre jeunes Ukrainiennes manifestent seins nus devant le domicile de Dominique Strauss-Kahn, peu de temps après son retour des États-Unis à la suite de ses ennuis judiciaires. L’action – spectaculaire – fait découvrir à la France ces féministes d’un nouveau genre qui usent de leurs bustes comme de banderoles. On les retrouvera devant le bureau de vote de Silvio Berlusconi, à Istanbul, à Davos, ou à Kiev lors de l’exposition Euro 2012 contre l’exploitation des femmes dans leur pays, aux cris de : « L’Ukraine n’est pas un bordel ! » On sait pourtant peu de choses de ce mouvement féministe radical apparu en 2008. Cet ouvrage, qui s’ouvre avec le Manifeste des « sextrémistes » Femen, fait découvrir le parcours de la « bande des quatre » à l’initiative du groupe (Anna, Sacha, Inna et Oksana, ces deux dernières, réfugiées à Paris, étant pourchassées par le très autoritaire gouvernement ukrainien), mais aussi leurs méthodes et objectifs contre le sexisme et le patriarcat. Un mouvement qui fait déjà des émules en France, en Allemagne ou au Brésil.

Mariage de même sexe et filiation

Irène Théry (dir.), éd. de l’EHESS, « Cas de figure », 152 p., 8,50 euros.

Il est des parcours intellectuels qui ne laissent pas de surprendre. Sociologue du droit de la famille, Irène Théry a été une fervente opposante au Pacs en 1999. Depuis, elle a incontestablement évolué. Sous sa direction, cet ouvrage se veut d’abord une réponse à l’argumentation confuse et rétrograde de l’Union nationale des associations familiales sur le mariage gay et l’homoparentalité. Avec des contributions notamment du magistrat Serge Portelli ou de la sociologue Martine Gross, le livre va plus loin en montrant « l’amélioration » que constituent l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et même les « modèles », encadrés juridiquement, de gestation pour autrui (GPA) « éthique » existant à l’étranger, « vers de nouvelles formes familiales ». Au-delà des préjugés.

De l’esclavage aux réparations

Les textes clés d’hier et d’aujourd’hui

Textes réunis et présentés par Louis-Georges Tin, Sortir du colonialisme/Les Petits Matins, 192 p., 5 euros.

Voici rassemblés quarante des textes les plus importants sur l’esclavage (crime contre l’humanité reconnu comme tel par la loi Taubira en 2001) et surtout sur la question de ses réparations. Depuis les Réflexions de Condorcet en 1781 ou les écrits de Victor Schœlcher à la veille de l’abolition de 1848 jusqu’à l’odieuse loi du 23 février 2005 qui, contrairement à celle de 2001 pour les victimes de la traite négrière, accorda, elle, des réparations… aux anciens colons français d’Afrique du Nord. Cette anthologie ne se limite pas à la France et comporte également des textes sur la question en Haïti, aux États-Unis et, plus largement, au niveau international.