Retraites : L’accord épargne les capitaux

La réforme des retraites complémentaires néglige d’autres sources de financement.

Thierry Brun  • 21 mars 2013 abonné·es

Une baisse supplémentaire des pensions est programmée. C’est le seul remède retenu dans le protocole d’accord du 13 mars destiné à assainir la situation financière des retraites complémentaires des salariés du privé. À savoir l’Agirc pour les cadres et l’Arrco pour tous les salariés. Selon les estimations du Medef, ces mesures permettraient d’économiser près de 5 milliards d’euros d’ici à fin 2015 et quelque 11 milliards d’ici à fin 2017. L’accord, qui inspirera le gouvernement pour la prochaine réforme des retraites du régime général, prévoit de limiter la revalorisation des pensions complémentaires (moins un point par rapport à l’inflation pendant trois ans). Avec pour conséquence une baisse de pouvoir d’achat pour les petites pensions. En ce qui concerne les salariés actifs, une hausse des cotisations salariales et patronales est programmée. Pour la CGT, la baisse des pensions « aurait des conséquences extrêmement néfastes pour les retraités actuels, mais également pour les retraités futurs. En effet, les valeurs de service du point sont utilisées pour le calcul des pensions lors du départ à la retraite ». Pour le syndicat, cette baisse « conduirait immanquablement à une détérioration des conditions de vie de plusieurs millions de retraités ».

Le récent rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) montre que les disparités de pensions entre retraités sont importantes : 10 % des 11 millions de retraités perçoivent une pension mensuelle inférieure à 521 euros. L’Insee a établi que, pour les 20 % des revenus les plus faibles, les dépenses contraintes (logement, eau, gaz, électricité, etc.) sont passées de 50 à 75 % du budget. La réforme des retraites complémentaires, qui satisfait les marchés financiers, néglige d’autres sources de financement. Comme l’élargissement de l’assiette des cotisations aux revenus du capital ou une modulation des taux de cotisations patronales. Exemple : majorer la contribution des entreprises qui réalisent des profits importants par rapport à celles qui consacrent une majeure partie de leur valeur ajoutée aux salaires. Les réformes à venir pèseront lourdement sur un régime des retraites fondé sur la solidarité et favoriseront la capitalisation individuelle, largement aidée par un système d’exonérations fiscales.

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