Tunisie mon amour ? (À flux détendu)

Christophe Kantcheff  • 4 avril 2013
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Chantons-le sur tous les toits, puisqu’il risque, hélas, de ne pas grimper sur les cimes de nos grands médias : le Syndrome de Salammbô, de Serge La Barbera (voir interview ci-contre), publié chez Allia, est un très beau livre. Il allie les contraires, ou plus exactement ce que d’habitude on tient pour tels : la relative concision et l’abondance des pistes suivies, la complexité et la fluidité, le savoir (l’érudition) et la connaissance (l’expérience), l’Histoire avec un grand H et la petite histoire des siens et de soi.

Au centre du livre : la Tunisie. Salammbô n’existe pas seulement chez Flaubert. Il est aussi le nom d’un faubourg de Tunis où est né l’auteur-narrateur. Dans le Syndrome de Salammbô, il y raconte la première fois, devenu adulte, qu’il est retourné en Tunisie, récit qui alterne avec la voix d’un conférencier racontant la révolution de 2011 avec une perspective historique, tandis que, de temps à autre, le point est fait sur un personnage du présent ou du passé, un anonyme dont le sort raconte quelque chose.

Une composition qui joue d’échos et de correspondances entre les rapports forcément compliqués de l’auteur avec la Tunisie où sa famille a vécu pendant la période coloniale et la situation actuelle du pays. Cette double enquête, personnelle, introspective et politique est absolument passionnante. Et marquée du sceau d’une lucidité qui n’est pas sans prendre à contre-pied les idées reçues. Exemple : « Un parti islamique ne serait pas forcément un élément de déstabilisation, écrit Serge La Barbera, mais plutôt de stabilisation, d’endiguement révolutionnaire, capable d’aider à faire avaler la pilule d’un programme économique ayant obtenu l’aval des grands argentiers. »

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Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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