Un Rom sur cinq a dû quitter son lieu de vie depuis janvier

Un recensement publié vendredi 5 avril confirme le durcissement de la politique d’expulsion des Roms et la montée d’un « climat xénophobe violent », depuis le 1er janvier 2013.

Erwan Manac'h  • 8 avril 2013
Partager :

Les chiffres viennent confirmer le regain de pression sur les Roms, que les associations de défense des droits humains dénoncent depuis plusieurs semaines : au premier trimestre 2013, 28 campements abritant au total 2 873 personnes ont été évacués par les forces de l’ordre, affirme l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) dans un recensement rendu public vendredi 5 avril. C’est 25 % de plus qu’en 2012 sur la même période (2 153 personnes évacuées).

Ce rapport, fondé sur des témoignages et des articles de presse, montre aussi une nette augmentation des évacuations à la suite à d’un incendie – d’origine accidentelle ou criminelle – ou d’une agression : 1 007 personnes ont été concernées depuis janvier (sur 10 sites) soit 29 % de plus que les trois premiers mois de l’année 2012 (777 personnes). « On remarque la montée d’un climat xénophobe violent se manifestant par des attaques de lieux de vie occupés par des Roms » , déplore le rapport, qui cite en particulier des violences observées à Marseille le 29 mars et des soupçons d’incendies d’origine criminelle à Bobigny (93) et Hellemmes (59) ces dernières semaines.

« La circulaire interministérielle est restée lettre morte »

En comptant les 272 rapatriements en charter vers le pays d’origine, cela porte à 4 152 le nombre de personnes roms contraintes de quitter leur lieu de vie, soit un cinquième de cette population, estimée en France à près de 20 000.

« La circulaire interministérielle du 26 août 2012 est restée lettre morte pour pratiquement toutes les évacuations » , dénonce Philippe Goossens, l’auteur du rapport. Car, en dépit des intentions affichées par le gouvernement, les propositions de relogement sont « temporaires » , « éloignées des lieux de scolarisation des enfants » et les familles sont « fréquemment […] séparées » , observe-t-il.

Société
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don