Quand les féministes s’invitent à l’opération « Glam et Sexy » des Galeries Lafayette

Pour l’inauguration de son rayon lingerie, le magasin parisien faisait défiler des mannequins dénudées. Une quarantaine de féministes ont fait stopper l’opération de marketing.

Valérie Tournelle  et  Marion Genevois  • 24 mai 2013
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Quand les féministes s’invitent à l’opération « Glam et Sexy » des Galeries Lafayette

Les Galeries Lafayette provoquent la grogne des féministes. Jeudi 23 mai, une quarantaine d’entre elles ont déboulé boulevard Haussman pour soutenir des syndicalistes du grand magasin. Ceux-ci, brandissant des pancartes, manifestaient contre les animations « sexistes » organisées par l’enseigne du 21 au 25 mai pour l’ouverture d’un nouvel espace lingerie.

L’inauguration, au concept « Glam et Sexy », selon le site des Galeries, s’apparentait en réalité plus à un show de strip-tease qu’à un « espace scénarisé » . Étaient mis en scène des mannequins vivantes « dénudées, portant la signalétique du magasin tatouée sur le corps, postées aux portes d’entrée et aux abords des escalators » , incitant les clients à se rendre au rayon lingerie, selon les manifestants. D’autres modèles devaient jouer les « fausses clientes et tomber leur manteau pour continuer leurs achats en string et en soutien-gorge » .

Alertées par les syndicats CGT, CFDT et FO, choqués par ces méthodes, une vingtaine d’associations et de collectifs féministes avait appelé à un rassemblement le 23 mai pour exiger l’arrêt immédiat de ces animations. Osez le Féminisme, les efFRONTé-e-s ou encore Femmes solidaires ont répondu présent pour dénoncer « une marchandisation du corps de la femme » .

Céline Carlen, secrétaire générale CGT des Galeries Lafayette, évoque, elle, l’état de « choc de quelques employées qui, bien que peu sensibles à la cause féministe, trouvaient que ça allait trop loin » .   

 

À la suite de ce rassemblement, les Galeries Lafayette ont suspendu l’opération pour la soirée, malgré des informations annonçant la volonté du prestataire de maintenir les événements pour 18 h. Une « victoire » pour les associations féministes, qui restent toutefois vigilantes jusqu’au 25 mai, date de clôture de l’opération marketing.

Les Galeries Lafayette n’en sont pas à leur coup d’essai. En 1999, le magasin avait déjà fait scandale en exposant de vrais mannequins en vitrine pour promouvoir la lingerie Chantal Thomass.

Société
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