Cinéma : Le Fils unique, d’Ozu

Premier film parlant et premier drame du réalisateur de Voyage à Tokyo.

Politis  • 20 juin 2013 abonné·es

Après avoir longtemps résisté à l’arrivée du parlant, Yasujiro Ozu franchit le pas en 1936, avec le Fils unique. Le cinéaste a alors 33 ans. Il a surtout réalisé jusqu’ici des comédies à dimension sociale. Ozu abandonne la comédie pour le drame avec le Fils unique, qui annonce les grandes œuvres à venir ( le Voyage à Tokyo ), tout en étant en soi un film d’une grande beauté. Dans une province du centre du Japon, une femme, qui élève seule un garçon, décide d’envoyer celui-ci étudier à Tokyo, au prix d’une vie de sacrifice, elle qui travaille comme fileuse dans une fabrique de soie. Quinze ans plus tard, elle rend visite à son fils et découvre l’existence misérable qu’il mène dans la banlieue de Tokyo, avec femme et enfant. Il lui avait pourtant promis de devenir un « grand homme ». Cette désillusion est au centre des rapports mère-fils, que le cinéaste traite, comme toujours, avec autant de sensibilité que de cruauté (lui-même a vécu longtemps en compagnie de sa mère jusqu’au décès de celle-ci). Le film est aussi imprégné des difficultés et des évolutions sociales que connaît le Japon dans les années 1930. Les plans sur les faubourgs de Tokyo, avec en fond une usine de retraitement des déchets, sont en eux-mêmes éloquents. Mais Ozu compense en partie cette amertume par la richesse de cœur de ses personnages. Le film, inédit en France, sort dans une version restaurée.

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