Sciences et fictions : rêve ou réalité ?
Cyborgs, avatars, êtres immortels : et si c’était possible ? Les réponses, plus ou moins convaincantes, des chercheurs.
dans l’hebdo N° 1263-1265 Acheter ce numéro

Depuis qu’elle existe, la science-fiction imagine plusieurs formes de post-humains et d’intelligences artificielles. Aujourd’hui, elle est rattrapée par les nouvelles technologies et les ambitions de certains projets de recherche qui s’en inspirent.
L’humanoïdeL’épisode 1 commence par une publicité. Une voix commerciale présente, tels des aspirateurs, une gamme de « Hubots », des robots domestiques humanoïdes. L’offre va du simple modèle pour « le ménage et les tâches pénibles ou dangereuses » au robot gériatrique ultrasophistiqué, qui surveille le taux de cholestérol de son « propriétaire » en lui appuyant un doigt sur la joue. C’est la première scène de la série suédoise Real Humans [^2]. Plus on monte en gamme et plus le Hubot de Real Humans ressemble à un humain. Certains s’y laissent prendre. « Tu veux toucher ma prise ? », demande une jeune femme hubot avec un regard de biche. Et l’homme qui s’est entiché d’elle s’approche, d’autant plus stupéfait de découvrir sa vraie nature qu’il milite au groupe « Real Humans », partisan des 100 % humains dans ce futur proche où les Hubots ont intégré une bonne partie des foyers. Pour le philosophe Jean-Michel Besnier [^3], Real Humans est une « série symptôme, qu’il faut comprendre dans le contexte plus large du post et du transhumanisme » ( Philosophie magazine ). En effet, il est moins question de technique que de philosophie : les Hubots viennent interroger les limites de l’humanité. Ils renvoient à des réflexions sur la peur de l’étranger et à l’exploitation d’une race considérée comme inférieure. Au sein même des Hubots apparaît une hiérarchie entre les ouvriers, peu évolués, qui ont remplacé les hommes à l’usine, et les rebelles, « intelligents » et autonomes, à condition qu’ils puissent se recharger. En reprenant de nombreux codes du genre, Real Humans marque un « point d’acmé » selon Jean-Michel Besnier : « La société réalise que la robotique de service qui déferlera d’ici quelques années posera des questions inédites d’ordre social, métaphysique, éthique, épistémologique. » Est-il tordu d’éprouver du désir pour un robot ? Est-ce mal de le frapper ? L’apporter à la casse, est-ce du recyclage ou un abandon ? Kate Darling, chercheuse en propriété intellectuelle et politique de l’innovation au MIT de Boston, constatant que les machines humanoïdes provoquent chez nous des émotions, a repris l’idée de donner des droits aux robots. « Des droits de “second ordre”, dans le sens où ils ne leur sont pas vraiment inhérents. Ils existent plus pour notre bien et celui de la société. » Et défendre les 100 % humains, est-ce du racisme ? Des robots de service, comme les Hubots, on y est presque. Le professeur Hiroshi Ishiguro, roboticien à l’université d’Osaka, au Japon, a réalisé une copie parfaite de lui-même. À tel point qu’elle berne, dit-on, certains étudiants.
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