Tarifs EDF : L’État deux fois gagnant

Le coût de l’électricité grimpe en flèche, ce qui n’est pas pour déplaire aux investisseurs et aux actionnaires.

Thierry Brun  • 18 juillet 2013 abonné·es

Qu’est-ce qui se cache derrière la facture d’électricité ? La hausse de 10 % des tarifs réglementés d’EDF (5 % au 1er août 2013 et 5 % en 2014) annoncée par le nouveau ministre de l’Écologie et de l’Énergie, Philippe Martin, alourdira la note d’une bagatelle de 35 à 50 euros en moyenne par an. Mauvaise nouvelle pour les usagers, lesquels subiront les plus fortes hausses des tarifs de l’électricité depuis la privatisation partielle d’EDF et son introduction en Bourse en 2005. Cette perspective de hausses déjà programmées, supérieures aux attentes des investisseurs privés, a fait s’envoler l’action d’EDF de près de 9 % à la Bourse de Paris le 9 juillet, et de quelques points supplémentaires les jours suivants. L’action a ainsi connu une hausse de 37 % depuis le début de l’année. L’une des plus fortes du CAC 40, alors qu’elle était tombée à son plus bas niveau historique en décembre 2012, EDF étant plombée par la prévision d’investissements très lourds à réaliser au cours des années à venir dans le parc nucléaire.

Le marché boursier spécule sur de nouvelles augmentations, depuis qu’un rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a recommandé une hausse de 6,8 % à 9,6 % des tarifs au 1er août, ainsi qu’un rattrapage de 7,6 % pour combler les hausses insuffisantes des années précédentes. La spéculation va bon train du fait que ces nouvelles augmentations ne s’accompagnent « d’aucune annonce d’encadrement complémentaire, comme cela devrait être le cas avec le contrat de service public entre EDF et l’État qui se fait toujours cruellement attendre », relève l’UFC-Que choisir. En clair, une maîtrise de l’évolution des coûts d’EDF n’est pas à l’ordre du jour et les tarifs en pâtiront à nouveau. Cette spéculation estivale sur EDF ne doit rien au hasard. Jean-Marc Ayrault a annoncé, en mai, la réduction de la participation de l’État dans certaines entreprises, dont, en priorité, EDF, Aéroports de Paris et GDF Suez. La forte hausse du cours de l’action d’EDF pourrait faciliter une cession d’actifs de l’État, actionnaire à hauteur de 84,4 %. Il serait ainsi le premier à tirer profit de cette opération en poursuivant la privatisation du groupe. Un opportunisme coûteux pour les usagers.

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