La grande diversion

À l’approche du 10 septembre, le gouvernement tente de déminer le terrain.

Thierry Brun  • 29 août 2013 abonné·es

Jean-Marc Ayrault s’est employé à faire oublier la réforme des retraites et les régressions des précédentes, quelques jours avant le mouvement social prévu le 10 septembre à l’appel de quatre syndicats (CGT, FO, FSU et Solidaires). Les 26 et 27 août, pour déminer le terrain, la série de concertations bilatérales avec les partenaires sociaux a été l’occasion de présenter des « hypothèses de travail ». Le gouvernement s’oriente vers une réforme moins provocatrice que la remise en cause générale contenue dans le rapport explosif de Yannick Moreau, remis en juin au Premier ministre. La hausse de la durée de cotisations pour une retraite à taux plein n’est pas envisagée avant 2020 et un « compte-temps » pour les métiers pénibles a été confirmé. Le Medef a aussi trouvé son compte dans les pistes gouvernementales. Pierre Gattaz s’est félicité d’avoir obtenu une « ouverture » avec la « baisse du coût du travail » en contrepartie de « dixièmes de point de cotisations supplémentaires » pour « régler quelques problèmes de retraites ».

Les entretiens bilatéraux ont cependant déçu la CGT. Ils « ont pour effet d’éluder le débat nécessaire sur la part des richesses produites par les entreprises consacrée au financement de la protection sociale », a réagi Thierry Lepaon, secrétaire général, dans une lettre remise à Jean-Marc Ayrault à l’issue de la concertation. Pour les syndicats qui mobiliseront leurs troupes le 10 septembre, la réforme s’inscrit dans le prolongement des précédentes. Avec la « stratégie d’essaimage » de Jean-Marc Ayrault, « il y en aura pour tout le monde, qu’on soit actif, qu’on soit retraité », a prévenu Thierry Lepaon. Par exemple, avec l’hypothèse d’une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), « le gouvernement fera essentiellement payer les salariés, puisque la CSG est générée à plus de 70 % par les revenus salariaux. C’est donc sur les salariés que pèsera le poids de l’ajustement », explique Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic. Pour résoudre le problème de financement à court terme des retraites, les syndicats souhaitent une augmentation des cotisations patronales et rappellent que les dividendes versés par les entreprises ont représenté 3 % du PIB dans les années 1980, et qu’ils en représentent aujourd’hui plus de 9 %, largement de quoi financer les retraites, sans nuire à la compétitivité…

Économie Travail
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Retraites : à l’Assemblée, une petite victoire après deux ans de déni démocratique
Analyse 5 juin 2025 abonné·es

Retraites : à l’Assemblée, une petite victoire après deux ans de déni démocratique

Le groupe communiste a réussi à faire adopter, durant sa journée d’initiative parlementaire, une proposition de résolution intimant au gouvernement d’abroger la réforme des retraites de 2023. Une victoire symbolique dans une Assemblée nationale quasi vide.
Par Lucas Sarafian
Pourquoi la « TVA sociale » est un danger pour la Sécurité sociale
Analyse 2 juin 2025 abonné·es

Pourquoi la « TVA sociale » est un danger pour la Sécurité sociale

Diminuer les cotisations patronales pour augmenter la taxe sur la consommation. Cette nouvelle lubie du gouvernement bouleverserait le financement de la protection sociale, au risque d’accroître les inégalités.
Par Pierre Jequier-Zalc
Services publics : radiographie d’un désengagement
Infographies 2 juin 2025 abonné·es

Services publics : radiographie d’un désengagement

Fermetures, suppressions, éloignement : les services publics disparaissent peu à peu du quotidien. Une tendance à découvrir en infographie sur trois secteurs.
Par Maxime Sirvins
Papeterie Chapelle-Darblay : l’usine est prête, l’État encore absent
Reportage 27 mai 2025 abonné·es

Papeterie Chapelle-Darblay : l’usine est prête, l’État encore absent

Tous les voyants sont au vert pour relancer la structure, fermée en 2019. Mais sans le prêt promis par l’État, rien ne peut redémarrer. L’ultime délai accordé par l’industriel repreneur est désormais dépassé. Syndicats, associations et élus locaux lancent un dernier appel à un gouvernement toujours mutique. Reportage.
Par Thomas Lefèvre