Dernier acte d’une vie

Colette Lambrichs offre une belle métaphore de la vie et du théâtre.

Denis Sieffert  • 5 septembre 2013 abonné·es

Dans un roman polyphonique, Colette Lambrichs a imaginé le dernier âge d’une comédienne, Éléonore, qui, s’apprêtant à quitter le grand théâtre du monde, apure les comptes d’une vie de famille forcément compliquée, riche en secrets, en ressentiments et en tabous. Soudain, des mots se disent qui ne s’étaient jamais dits, des rencontres se font qui étaient devenues impossibles, comme résultant d’une mystérieuse nécessité.

Jusqu’à la scène finale où, comme chez Molière, tous les personnages sont réunis, conviés pour un ultime dîner, festif, avant que ne tombe le rideau. Ce qui, ailleurs, s’accomplirait dans le bruit et la fureur des hypocrisies révélées et des mensonges brusquement découverts se réalise sous la plume de Colette Lambrichs dans une sorte de douce évidence. Les fils, les belles-filles et les ex, les maîtresses et les amis semblent converger presque à leur insu vers la vérité de leurs vies, tous devenus sujets d’une œuvre testamentaire dont Éléonore est le metteur en scène. La violence est là, palpable mais toujours contenue, comme si les acteurs de cette petite comédie humaine étaient eux-mêmes contaminés par une exigence de sérénité.

Littérature
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