Logement : les oubliés de la loi

Sans-abri, mal-logés, demandeurs d’asile et précaires demeurent sans solution.

Ingrid Merckx  • 12 septembre 2013 abonné·es

Le 2 septembre, à Clermont-Ferrand, plus de 350 personnes (dont des enfants) se sont retrouvées à la rue. Le 6 septembre, la majorité était toujours sans solution d’après la Fédération d’associations de solidarité (Fnars). Et pour cause : le dispositif d’hébergement du Puy-de-Dôme est en crise. « L’association Anef, partenaire de l’action sociale dans le département, a décidé, face à des difficultés financières, de suspendre ses activités [d’accueil] », résume un communiqué du cabinet de Cécile Duflot, ministre du Logement. « Sauf que l’État a contracté une dette de plus de deux millions d’euros auprès de l’Anef, révèle Florent Gueguen, directeur général de la Fnars. L’association ne pouvait plus continuer. En outre, le gouvernement a été alerté début août, mais n’a pas réagi. » Depuis, le gouvernement a délégué 400 000 euros. « Une somme insuffisante au regard des deux millions manquants… »

Pour la Fnars, cette affaire est révélatrice d’une situation nationale alarmante. Les associations de solidarité perdent leurs crédits et 70 % des appels arrivant au 115 (numéro d’urgence géré par des associations, mais quasi-service public) sont restés sans solution cet été faute de places d’hébergement ; c’est 50 % en hiver. « Les demandes des familles ont explosé – expulsions, impayés de loyers. Et seuls 30 % des demandeurs d’asile trouvent une place en centre d’accueil. Enfin, il manque des solutions de sortie de l’hébergement vers le logement. » La loi Alur sur le logement, entrée le 10 septembre en discussion à l’Assemblée, paraît donc « en décalage » dans ce contexte, estime Florent Gueguen. SDF, mal-logés, demandeurs d’asile et précaires sont les « grands oubliés » de ce texte, selon le Collectif des associations unies contre le mal-logement. « La Garantie universelle des loyers, présentée comme “la” solution, ne devrait voir le jour qu’en 2016. D’ici là, on fait comment ? En outre, la loi Alur ne vaut que pour 2013… » Raison pour laquelle le collectif réclame déjà une loi pluriannuelle, la fin d’une gestion saisonnière ainsi qu’une création massive de logements « très » sociaux. Si la loi Alur ne permet que des améliorations à la marge, le collectif a néanmoins déposé une trentaine d’amendements, dont une partie aurait reçu un bon accueil. « Cela ne changera pas la vie des gens, regrette Florent Gueguen, mais nous donnera des outils, comme le droit à un accompagnement social. »

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles
Enquête 18 juillet 2025 abonné·es

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles

À l’instar d’Ani, la récente création d’Elon Musk, les petites amies virtuelles dopées à l’IA se multiplient sur internet. Programmés pour être hypersexualisés, voire ouverts à la pédopornographie, ces avatars sont de plus en plus populaires.
Par Thomas Lefèvre
« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »
Entretien 18 juillet 2025 abonné·es

« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »

Docteur en sciences de l’information et spécialiste de la consommation pornographique des jeunes, ludi demol defe considère que la lutte contre la pornographie sert de paravent à celle contre les violences sexuelles.
Par Élise Leclercq
« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »
Entretien 17 juillet 2025 abonné·es

« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »

Le sociologue Bertrand Réau, auteur d’ouvrages sur les vacances et le tourisme, rappelle comment les vacances se situent au carrefour de nombreuses inégalités.
Par Élise Leclercq
10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier
Reportage 16 juillet 2025 abonné·es

10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier

Dans le Pas-de-Calais, plus de 10 000 personnes pourront s’évader cet été, parfois pour la première fois. Grâce à l’engagement de plusieurs associations et d’élus locaux qui n’ont pas oublié que le droit aux congés était inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme.
Par Élise Leclercq