Pénalisation = précarisation

La proposition de pénaliser les clients des prostituées revient sur le devant de la scène. Les associations de soutien et de santé communautaire s’opposent à ce projet qui renforcera la clandestinité.

Ingrid Merckx  • 18 septembre 2013 abonné·es

C’est un manifeste contre la pénalisation des prostituées et de leurs clients que signent plus d’une centaine d’associations de soutien et de santé communautaire.

« Quelles que soient nos opinions sur la prostitution, nos organisations sont unanimes pour affirmer que les prostituées ne doivent pas être pénalisées » , clament-elles, rappelant que le débat ne doit pas se tenir sur le terrain de la morale mais sur celui du droit.

Ce manifeste paraît à l’occasion de l’examen par la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée du rapport d’information de renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel. Dans ce rapport, la proposition de pénaliser les clients refait surface. C’est une question qui divise, y compris à gauche.

Lire > Prostitution, la loi est-elle la solution ?

Les associations, en revanche, parlent d’une seule voix : « La pénalisation des clients ne fera pas disparaître la prostitution, mais accentuera la précarisation des prostituées en les forçant à davantage de clandestinité, et en les éloignant des associations de soutien et de santé communautaire, et des structures de soins, de dépistage et de prévention. »

Alors que le projet de loi sur l’égalité femmes-hommes est en discussion au Sénat, elles demandent à ce que les prostituées (et prostitués) soient protégé(e)s par le droit commun.

«Isolé-es les un-es des autres, les prostitué-es seront davantage exposé-es à des risques de violences, d’exploitation, et à des contaminations au VIH sida et IST. Cette mesure va renforcer le statut d’inadapté-e social-e des prostitué-es, statut stigmatisant qui doit être supprimé. Considérer que les prostitué-es doivent être traité-es comme des mineur-es sans capacité d’exprimer leur consentement les place dans une catégorie de citoyen-nes à part, favorise le stigma et les pratiques de discriminations. »

La nécessité d’abroger le délit de racolage passif est plus consensuelle. Une proposition dans ce sens de la sénatrice écologiste Esther Benbassa a été adoptée au Sénat le 28 mars 2013. Mais elle n’a toujours pas été suivie d’effets.

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La liste des signataires du manifeste. ->http://site.strass-syndicat.org/]

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