« Tip Top », de Serge Bozon : « Ne pas faire un film de prestige »
Avec Tip Top, Serge Bozon signe un film à la fois burlesque et social, qui tranche avec les codes du cinéma d’auteur.
dans l’hebdo N° 1268 Acheter ce numéro
Serge Bozon a commencé en faisant de la critique, dans les années 1990, à la Lettre du cinéma, une revue aujourd’hui disparue dont la voix était singulière. Il en a gardé une capacité à prendre du recul par rapport à ses propres films et un goût pour un cinéma « modeste mais ambitieux », loin de toute hypertrophie de l’« Auteur », dont les devanciers sont Paul Vecchiali, Jean-Claude Biette, Jean-Claude Guiguet ou Marie-Claude Treilhou. Avec un phrasé à mille mots minutes, Serge Bozon parle avec précision de Tip Top, son troisième film, dont le burlesque furieux ne masque pas entièrement la tendresse.
Que vous inspire la référence à Jean-Pierre Mocky à propos de votre film ?
Serge Bozon : Il y a chez Mocky la même agressivité dans l’humour. Mocky a également un goût pour les acteurs qui peuvent aller loin dans le grotesque, ils sortent alors des frontières du bon goût et deviennent inquiétants. En revanche, la mise en scène est très différente. Tip Top est plus épuré, moins découpé, avec des plans frontaux. De même, il y a dans mon film de longs dialogues, qu’on ne retrouve pas chez Mocky : par exemple, quand Esther (Isabelle Huppert) procède à un interrogatoire, elle ne pose pas de questions concrètes mais se lance dans des monologues avec des mots abstraits. Les dialogues chez Mocky sont plus dans la verdeur
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