Vic+Flo ont vu un ours

Deux femmes, ex-taulardes, amoureuses l’une de l’autre, se sont retirées dans une cabane à sucre en forêt, loin de tout. Plus exactement, c’est Vic (Pierrette Robitaille) qui s’est installée là, rejointe par Flo (Romane Bohringer). Plus jeune que Vic, celle-ci n’a pas exactement le caractère pour vivre en permanence en dehors du monde. Il ne faut pas forcément se fier à la légèreté du titre, Vic+Flo ont vu un ours  : nous ne sommes pas ici en présence d’une comédie sentimentale de type rohmérien. D’autant que le réalisateur de ce film, le Canadien Denis Côté, a montré qu’il était davantage attiré par l’étrange et l’inquiétant. Qu’il s’agisse de son versant documentaire, comme Bestiaire (2012), son avant-dernier film, ou de sa veine fictionnelle, avec Carcasse (2009) ou Curling (2010). Ainsi, le lieu de la nouvelle vie de Vic et Flo se révèle perméable à leur existence antérieure, malgré la « protection » que leur offre Guillaume (Marc-André Gondrin), un agent de libération conditionnelle. Le passé violent de Flo rattrape les deux femmes, le cinéaste instaurant alors une atmosphère angoissante, avec des menaces qui viennent de là où on ne les attend pas. S’ouvrant comme une réflexion sur les possibilités de refaire sa vie, Vic+Flo ont vu un ours bascule dans le thriller bucolique, voire le film fantastique. L’ours est vraiment un animal pas comme les autres…