Les Bushmen, dépossédés de leurs terres

Non content de harceler les Bushmen depuis plusieurs décennies, le gouvernement botswanais a fait de ce peuple un argument touristique pour attirer les voyageurs en mal d’authenticité.

Nicolas Salvi  • 15 octobre 2013
Partager :
Les Bushmen, dépossédés de leurs terres
© Photo : MONIRUL BHUIYAN / AFP

Sur le site anglophone de l’Office du tourisme botswanais, l’internaute est exhorté à visiter la réserve de chasse du Kalahari central. Un espace unique, nous explique-t-on, qui « a été originellement établi pour servir de sanctuaire aux San [Bushmen], o ù ils pouvaient vivre traditionnellement de la chasse et de la cueillette sans intrusion ni influence du monde extérieur » . Notons l’usage de l’imparfait.

Les Bushmen ont en effet subi, au cours des dernières décennies, leur lot d’intrusions, voire d’expulsions. Le gouvernement botswanais, sous prétexte de conservation de la nature, les a forcés à quitter la réserve en 1997, en 2002 et en 2005. Une hostilité qui n’est pas étrangère à la découverte de gisements de diamants à l’intérieur de ce territoire. En 2006, une victoire juridique a finalement permis aux Bushmen de rester sur place. Non sans heurts : les autorités botswanaises s’efforcent depuis de leur rendre la chasse, donc la vie, impossible. Aujourd’hui logés dans des camps de relocalisation, les rares Bushmen à oser s’attaquer au gibier font régulièrement l’objet d’arrestations musclées, voire de torture. En réaction, Survival International , ONG pour la défense des droits des peuples indigènes, en appelle au boycott du tourisme au Botswana.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre