Préparer des obsèques écologiques

Le cercueil en cellulose se dégrade rapidement en terre.

Patrick Piro  • 31 octobre 2013 abonné·es

Que faire ?

Délicat à placer entre la poire et le dessert, mais c’est décidé, Agnès va en parler à Christian. Il devrait se sentir concerné par un « dernier voyage » en accord avec ses convictions écolos. La France autorise deux modes de sépulture : l’inhumation et la crémation. Cependant, il n’existe pas d’étude comparative de leurs impacts. Avec l’inhumation, on peut incriminer les pollutions chimiques (entretien des cimetières), le transport des pierres tombales, souvent venues d’Inde ou de Chine, et la consommation d’espace. Même si, pour limiter l’extension des cimetières, les ossements sont régulièrement exhumés. Rien de cela avec la crémation. La loi autorise la dispersion des cendres dans la nature (hors propriété privée), ce qui remet notamment en circulation le phosphore (des os), essentiel aux végétaux et dont le confinement dans les cimetières inquiète les agronomes. Il existe des urnes biodégradables, à mettre en terre avec graine et terreau : un arbre naîtra, nourri des cendres du défunt. La crémation nécessite cependant de l’énergie, émet du CO2 et des toxiques – dont les vapeurs issues du mercure dentaire. Les crématoriums ont jusqu’à 2018 pour s’équiper de filtres à fumées. Et le cercueil (obligatoire) ? Pour le bois, très majoritaire, demandez d’où proviennent les essences et les vernis. Mais il existe une alternative agréée : le cercueil en cellulose, à base de papier recyclé. Une option plus écolo pour un accessoire d’utilisation très brève. De plus, un cercueil « carton », avec prestations a minima, mettrait les obsèques à 1 250 euros, deux à quatre fois moins qu’une facture classique. Cependant, il perce peu : les pompes funèbres poussent les modèles en bois les plus luxueux. Et les crématoriums rechignent, alléguant de possibles blocages à l’introduction dans le four. En revanche, l’enveloppe en cellulose se dégrade vite en terre, atout pour une décomposition rapide, privilégiée par l’islam. Dont la priorité reste cependant l’orientation des corps vers La Mecque : doter les cimetières de « carrés musulmans » facilitant ce choix éviterait le rapatriement de corps « au pays ». Enfin, pensez au « testament funéraire » : la loi privilégie l’exécution des dernières volontés du défunt.

Pourquoi ?

À raison de 550 000 décès par an en France, l’impact des obsèques est loin d’être négligeable. Comparer les modes de sépulture fait sens, alors qu’un tiers de la population choisit la crémation (1 % en 1980), et que 57 % des plus de 60 ans indiquent la préférer.

Comment ?

  • Peu de littérature sur les obsèques écologiques. Sur les cercueils en cellulose et en carton, voir les sites : euroiris.unblog.fr et www.ab-cremation.com (en conflit…).
  • Dans Une révolution rituelle, accompagner la crémation (Éd. de l’Atelier, 2012), Michel Michaud-Néraud, aborde un peu la question.
  • Les sites généralistes sont utiles pour les démarches, mais parfois orientés « commerce » : www.alloleciel.fr ; www.comitam-obseques.com ; www.obseques-infos.com
Le geste utile
Temps de lecture : 3 minutes