Gaz de schiste : l’État s’apprête à valider 7 permis de recherches douteux

Erwan Manac'h  • 14 novembre 2013 abonné·es

Sur injonction de la justice, le ministère de l’Écologie s’apprête à signer 7 permis de recherche d’hydrocarbures pour le bassin parisien. Ces autorisations ont été accordées en 2010 par le gouvernement à la société américaine Toreador, qui les a ensuite cédés à Hess Oil, une autre compagnie américaine. Delphine Batho, l’ancienne ministre de l’Écologie, avait refusé cette cession, mais le pétrolier a attaqué sa décision devant les tribunaux.

Le ministère se dit légalement contraint de signer ces 7 permis de recherche douteux et agite la crainte « de lourdes indemnités qui pourraient atteindre plusieurs millions d’euros » s’il n’obtempérait pas à la décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise. « L’État est sous le coup d’astreintes journalières de 14 000 euros depuis le 17 octobre » , rappelait vendredi le ministère de l’Écologie dans un communiqué.

« Farouche » opposition du ministre

Faux, répondent Arnaud Gossement et Olivier Meyer, avocats engagés contre des projets de forage, dans une tribune publiée sur Terraeco.net mardi : « La justice n’a jamais demandé à l’État de délivrer à Hess Oil des permis de recherche d’hydrocarbures, elle lui a demandé d’instruire les demandes, de les examiner. Et cette instruction aurait dû aboutir à une décision de rejet. »

Des élus et des opposants au gaz de schiste ont été reçus vendredi au ministère. Selon eux, une partie au moins de ces 7 permis concernant la Seine-et-Marne, l’Aisne, l’Aube, la Marne, le Loiret et l’Yonne ciblent du pétrole de schiste. Philippe Martin, qui réaffirme depuis sa prise de fonctions au ministère de l’Écologie sa « farouche » opposition à l’exploitation du gaz de schiste, annonce la mise en place de « comités de suivi » dans les départements concernés par ces permis. 

Au mois d’août, Hess Oil avait déjà été surprise à mener des forages en profondeur en Seine-et-Marne, attisant le soupçon d’une recherche de gaz de schiste, dont l’exploitation reste interdite en France. 

Montélimar, le 19 octobre 2013. - CITIZENSIDE/CHRISTOPHE ESTASSY / CITIZENSIDE.COM

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre