Journal d’amiante

Un film d’Emmanuel Roy sur les traces de son père, mort d’un cancer en 1993.

Camille Selosse  • 14 novembre 2013 abonné·es

Lorsque le père d’Emmanuel Roy, Henri Roy, décède en 1993, son fils n’a que 17 ans. Le père vient d’être emporté par un cancer de la plèvre, conséquence d’une exposition à l’amiante lors de travaux dans le lycée où il était proviseur. Henri Roy tenait un journal où il a raconté sa maladie, ses rendez-vous chez le médecin, le diagnostic, long à venir, la douleur… Son fils a découvert ce journal des années après et a décidé d’en tirer un documentaire. Ce film est une façon pour lui de faire son deuil, d’analyser son inquiétude. La lecture du journal, faite en voix off par Franck Trillot, constitue un fil rouge, auquel répond le suivi du désamiantage progressif d’un gymnase.

Roy filme ces bâtiments amiantés, à l’abandon mais toujours menaçants. L’amiante a été interdit en France en 1997, alors qu’on connaissait sa nocivité depuis le début du XXe siècle. Mais l’interdiction ne signifie pas la disparition du problème. Philippe Dubuc, ancien inspecteur du travail qui a depuis démissionné, insiste sur la nécessité d’informer et de former, car l’amiante est toujours là. Deux témoignages viennent nourrir le documentaire : Bernard Dao-Castes, malade de l’amiante qui a été rejeté par son entreprise lorsqu’il a voulu obtenir la qualification de maladie professionnelle, et Michèle Botella, qui s’est battue pour la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans la mort de son frère, qui a succombé à un cancer à l’âge de 37 ans. Une façon pour Emmanuel Roy de symboliser le combat de son père, et le sien.

Cinéma
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