La vie des ministères (À flux détendu)

Quai d’Orsay, de Bertrand Tavernier, nous fait entrer dans les arcanes du ministère des Affaires étrangères.

Christophe Kantcheff  • 7 novembre 2013 abonné·es

Il fut un temps où l’on disait que le cinéma français ne s’autorisait pas à mettre en scène la politique ou l’histoire contemporaines, au contraire du cinéma des États-Unis. Les choses semblent être doucement en train de changer. Dernier film en date qui en atteste : Quai d’Orsay, de Bertrand Tavernier, qui nous fait entrer dans les arcanes du ministère des Affaires étrangères au moment où il a à sa tête Alexandre Taillard de Worms, dont le modèle n’est autre que Dominique de Villepin.

Le film est l’adaptation de la bande dessinée éponyme, fort drôle, signée en 2011 par Abel Lanzac et Christophe Blain. Taillard de Worms, avec ses accents de Cyrano moderne et son lyrisme fracassant et vain, en sortait à la fois ridicule et touchant, mais prépondérant. Ce qui n’est pas le cas du film de Tavernier, qui ne se veut d’ailleurs pas une satire. Trop collé à la BD, le film ne semble en être qu’une piètre illustration – un comble ! Le choix de Thierry Lhermitte en Taillard de Worms est franchement une erreur : l’acteur joue rentré là où il aurait fallu du bruit et de la fureur. Résultat : Taillard de Worms est écrasé par son modèle réel, que tous les spectateurs ont en tête.

Mais, du coup, l’attention est davantage captée par les collaborateurs du ministre. Le travail qu’accomplissent le jeune Vlaminck voué aux « langages » (Raphaël Personnaz), le directeur de cabinet Maupas (l’excellent Niels Arestrup) ou les conseillers pour l’Afrique (Julie Gayet) et le Moyen-Orient (Bruno Raffaelli), entre soutien psychologique au ministre et porte-plume, y est mis en exergue. On se souvient aussi du grand commis de l’État qu’interprétait Michel Blanc aux côtés d’un ministre pris par le rythme médiatique (Olivier Gourmet) dans l’excellent film de Pierre Schœller l’Exercice de l’État. Il n’est décidément pas malsain que le cinéma jette un peu de lumière sur ces personnages de l’ombre.

Culture
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