Prostitution: l’étrange défense d’Élisabeth Badinter

Pauline Graulle  • 19 novembre 2013 abonné·es

Badinter, toujours du bon côté du manche. Dans une interview au monde.fr publiée ce mardi (à lire ici), Élisabeth Badinter se positionne contre la loi de pénalisation des clients de la prostitution.

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Illustration - Prostitution: l'étrange défense d'Élisabeth Badinter

Les arguments qu’elle avance sont, sinon douteux, du moins très étranges…
_ 1. Ainsi, pour Badinter, « l’État n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus » . La prostitution ne serait donc qu’une « activité » comme une autre ? La philosophe étaye sa conception ultralibérale au nom du féminisme. Interdire aux prostituées « de faire ce qu’elles veulent avec leur corps serait revenir sur un acquis du féminisme qui est la lutte pour la libre disposition de son corps » , affirme-t-elle. Les féministes n’ont-elles jamais lutté, aussi, pour que la sexualité soit libre et consentie ?
_ 2. L’auto-proclamée défenseuse s’emmêle encore plus les pinceaux quand elle évoque les hommes, dont elle prétend prendre la défense – c’est bien connu, ils sont incapables de le faire eux-mêmes… « L’appel des 343 salauds » ? « C’était une intervention nécessaire, car je suis frappée du silence des hommes (sic) dans ce débat. » Pour Badinter, les hommes seraient-ils donc tous des clients ? Et penseraient-ils donc tous, comme les « 343 salauds », qui affirment qu’ils ont « droit à leur pute » ?
Lire > 343 putes contre 343 salauds
_ 3. Dans une autre partie de l’interview, elle amalgame encore la « sexualité masculine » avec les pratiques des clients. Comme si le recours à la prostitution faisait partie de l’ADN mâle… « Je ressens cette volonté de punir les clients comme une déclaration de haine à la sexualité masculine , dit-elle. Il y a une tentative d’aligner la sexualité masculine sur la sexualité féminine (…). Ces femmes qui veulent pénaliser le pénis décrivent la sexualité masculine comme dominatrice et violente. Elles ont une vision stéréotypée très négative et moralisante que je récuse. » N’est-ce pas également ce qu’elle vient de sous-entendre en évoquant la « sexualité masculine » comme différente de la « sexualité féminine » ?

Si l’on avait jusque-là des doutes sur le prétendu féminisme d’Élisabeth Badinter, la philosophe vient de le démontrer : les hommes non plus ne lui diront pas merci.

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