FN : difficile relookage

Si la présidente du FN parvient à hypnotiser les médias, les faits contredisent fréquemment la com’ « mariniste ».

Politis  • 19 décembre 2013 abonné·es

Depuis son accession à la tête du Front national, Marine Le Pen s’efforce de changer l’image de son parti pour séduire de nouveaux partisans. Non sans un certain succès, à en croire sa progression dans les baromètres politiques. Mais, si la présidente du FN parvient à hypnotiser les médias, qui déclinent à coup de sondages alarmants et sans grand recul son antienne sur l’émergence d’un « nouveau FN » ayant décidé de rompre avec l’extrême droite, les faits contredisent fréquemment la com’ « mariniste ».
Quand Florian Philippot, un des vice-présidents du parti, assure, le 11 décembre au Figaro, que « le FN est un parti gaulliste », Bruno Gollnisch critique, le lendemain, une émission de France 2 sur Pétain, à ses yeux un « tissu de contre-vérités », et tweete : « Il était tout de même plus facile de résister à Londres qu’en France occupée… » Mme Le Pen essaie de faire oublier le soutien de son parti à l’apartheid ? Le même continue de s’en réclamer. Elle dénonce la une de Minute sur Christiane Taubira ? Son père soutient que la garde des Sceaux, une personnalité « anti-française », « a été choisie parce qu’on pensait que sa couleur pourrait lui servir de bouclier ».

Résurgences du vieux FN ? Ce serait trop simple. Le 10 décembre, Gilbert Collard, figure du « nouveau FN », assistait à l’enterrement du général Aussaresses, qui avait fait scandale en théorisant la torture qu’il avait appliquée durant la guerre d’Algérie : « Il a accepté de faire le sale boulot, et c’est beaucoup plus honorable d’assumer que de se défausser », a déclaré le député du Gard. Alors que le FN peine toujours à recruter des candidats qui acceptent d’apparaître sur ses listes aux municipales, ce qui prouve que sa dédiabolisation n’est pas achevée, il a dû sanctionner cet automne plusieurs têtes de liste, parmi ses adhérents récents : elles avaient défrayé la chronique médiatique avec des propos ou des photomontages publiés sur les réseaux sociaux.

Fin octobre, Marine Le Pen a elle-même suscité un tollé en s’étonnant sur Europe 1 de l’habillement et du comportement des ex-otages d’Arlit à leur retour en France, insinuant qu’ils pourraient avoir été islamisés pendant leur captivité. Chassez le naturel…

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