Le Nettoyeur

Une relation douloureuse que filme Adrian Saba, dans un Lima exsangue, mortifère, vidé de ses habitants.

Politis  • 19 décembre 2013
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Curieux métier que celui de « nettoyeur », dans la capitale péruvienne, Lima, touchée par une épidémie foudroyante. Un nettoyeur tout entier habillé d’une combinaison blanche, à la manière d’un chirurgien, passant, au gré des appels téléphoniques, d’un intérieur à l’autre, d’un quai de métro ou d’une rue à l’autre, muni de son balai, de ses produits désinfectants, brûlant un amas de déchets ou de corps en bord de mer. Entre deux sales besognes, des moments de repas dans l’univers déshumanisé de la petite restauration ou dans son humble domicile. Soit une existence ordinaire, silencieuse, plongée dans un quotidien dramatique et anxiogène jusqu’à ce qu’Eusebio soit en charge d’un mouflet abandonné par sa famille. Une famille qu’il entend bien retrouver, au bout de conversations rares, arrachées aux forceps. C’est cette relation douloureuse que filme Adrian Saba, dans un Lima exsangue, mortifère, vidé de ses habitants. Formellement remarquable, quoique souffrant de quelques longueurs, additionnant les plans d’un gris métallique, El Limpiador est aussi un film nourri par le son. Où s’entendent le chant des oiseaux, l’aboiement des chiens, le roulis de la télévision, le goutte-à-goutte d’un robinet, les vibrations d’un téléphone portable. Une sonorité au diapason d’une histoire humaine sans parole, qui cherche à éviter le drame, s’accroche à la vie.

El Limpiador, Adrian Saba, 1 h 36.
Cinéma
Temps de lecture : 1 minute
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