Pollution de l’air dangereuse ? Les autorités s’en moquent

Claude-Marie Vadrot  • 11 décembre 2013
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L’alerte à la pollution qui touche la Région Parisienne n’émeut personne . Pourtant, en Ile de France et dans plusieurs villes de France, le niveau d’alerte est atteint ou dépassé depuis plusieurs jours, en raison du régime de hautes pressions qui règne sur une bonne partie du pays. Il s’agit essentiellement d’une pollution aux particules fines en grande partie liée à l’utilisation dominante du diesel. Par les véhicules particuliers, par les camions et, pour l’Ile de France, par les 9000 autobus qui y circulent toute la journée et une partie de la nuit. Le nuage polluant stagne en raison de l’absence de vent et cette situation risque de durer encore plusieurs jours.

Pourtant, le ministère de l’Ecologie fait le dos rond, avouant son impuissance. Il se borne, comme à l’ordinaire, à faire diffuser sur les routes, rocades et autoroutes, des messages annonçant la pollution et recommandant aux automobilistes de « réduire leur vitesse ». Ou; sur le périphérique parisien, de « rouler à 60 KM/h. Les rares automobilistes qui suivent ces « conseils » sont rageusement klaxonnés par les autres. Car pendant ces périodes de ralentissement demandé, aucune règlementation ne permet de sanctionner ceux qui ne sont d’ailleurs pas officiellement des « contrevenants ». La meilleure preuve : les radars automatiques, sur le périphérique parisien, sur les autoroutes et les voies d’accès des grandes agglomérations ne sont pas modifiés…

Pourtant, une nouvelle étude menée par des spécialistes hollandais, et publiée par la revue médicale anglaise The Lancet , explique que la pollution est nocive pour des dizaines de milliers de personnes, même lorsqu’elle reste en dessous des normes européennes, c’est-à-dire 25µg/m3. Une limite que l’Organisation Mondiale de la Santé fixe à seulement 10µg/m3. L’enquête hollandaise a été menée dans 13 pays européens et a impliqué le suivi de 36 751 personnes. Elle a fait notamment apparaitre que chaque augmentation de 5µg/m3 accroit le risque de décès prématuré de 7%. Une étude qui, pourtant, ne tient pas compte des effets du cocktail de résidus contenus par l’air en même temps que les particules fines. Une autre étude de The Lancet publiée au mois de juillet dernier avait mis l’accent sur les risques de cancer, d’insuffisance respiratoire et de maladies cardiovasculaires même lorsque la pollution reste inférieure aux normes en vigueur.

Mais, les derniers mois l’ont montré, il ne faut surtout pas faire de peine aux usagers de diesel, aux constructeurs de véhicules fonctionnant avec ce carburant, et aux transporteurs routiers…

Le gouvernement a raison de faire l’impasse puisque la pollution ne fait que quelques lignes ou quelques secondes dans les médias.

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